BIOGRAPHIE chronologique
par Bruno Blum
retour MARLEY Index
PAGE 2

Tuff Gong
Peu après la naissance de son fils David "Ziggy" Marley en octobre 68 (avec Tumblin' Down, Ziggy réalisera avec ses frères et sœurs en 1986 le rêve inachevé de son père d'obtenir un gros succès aux Etats-Unis), Bob repart chez sa mère en Amérique en 1969. Il travaille cette fois de nuit à l'usine Chrysler de Wilmington, où il porte des pièces. À son retour, les Wailers fondent les disques Tuff Gong mais acceptent d'enregistrer en 1970 pour Leslie Kong, chez Beverley's, l'album Best of the Wailers qui ne sera publié qu'à l'été 71. Jackie Jackson est toujours là, Hugh Malcolm a été remplacé par Michael "Mikey Boo" Richards à la batterie, et Gladstone Anderson est au piano en plus de l'orgue de Winston Wright.
Le disque contient Soul Shake Down Party, Stop The Train, Back Out et Cheer Up. Faute de plaignants (Kong décèdera le 9 août 1971), des centaines de pirates différents (au son médiocre) de ces enregistrements Beverley's seront publiés sur la planète entière jusqu'à la réédition augmentée d'inédits (comme le duo avec son épouse Gotta Hold On To This Feeling, un succès de Junior Walker & the All Stars chez Motown) dans la série des The Complete Bob Marley & theWailers 1967 to 1972 en 1997. Ces titres méconnus sont publiés à l'origine chez les disques Tuff Gong, fondés par Peter, Bob & Bunny en 1970. Ce "Gong Dur" est le surnom de Bob.
Il fait référence au surnom du fondateur du mouvement Rastafari, Leonard Howell, surnommé Ganguru Maragh (mais appelé "Gong", plus court) dans sa communauté philosophique, où vivaient beaucoup d'indiens dans les années mille neuf cent trente, quarante et cinquante. De plus en plus désespéré, après des auditions infructueuses Bob contacte le génial producteur réalisateur Lee "Scratch" Perry, un ancien de chez Studio One qui a du succès à l'étranger avec sa marque Upsetter distribuée par les disques Trojan appartenant à Chris Blackwell.
Les trois Wailers travaillent alors avec Perry tout au long de 1970 et 1971 et gravent des chefs-d'œuvre impérissables parfois co-signés Perry (et finalement restaurés de façon sérieuse pour les CDs Soul Rebels, Soul Revolution Part II, More Axe et Keep on Skanking publiés dans la série The Complete Bob Marley & theWailers 1967 to 1972. Les Wailers sont accompagnés par la rythmique extraordinaire des Upsetters, les jeunes frères Aston "Family Man" Barrett et Carlton "Carly" Barrett qui vont suivre Bob Marley à partir de là. On entend aussi d'autres membres des Upsetters comme Alva "Reggie" Lewis, Ranford "Rannie Bop" Williams aux guitares, Glen Adams (orgue) et Gladstone Anderson (piano). Headley "Deadly Headley" Bennett, Tommy McCook sont aux cuivres et Uziah "Sticky" Thompson aux percussions.

Ensemble ils créent les arrangements de compositions somptueuses comme Kaya, Keep On Moving, Sun Is Shining, Soul Rebel, Duppy Conqueror, All In One Part I & II, Dreamland, Man To Man, Small Axe, et bien d'autres. Deux 33 tours, Soul Rebels et African Herbsman sortent en Angleterre en 1973-74, mais Peter, Bob et Bunny ne touchent toujours presque rien.

Peu après, Patricia Williams met au monde un nouveau fils de Bob, Robert Junior, dont la mère n'est pas Rita. Avec la même équipe, les Wailers sortent alors eux-mêmes Trench Town Rock (où Bunny Livingston est à la basse) en Jamaïque chez Tuff Gong, leur premier gros succès depuis 1966. Il est suivi par d'autres morceaux auto produits remarqués, où les guitares sont souvent jouées par Bob et Peter eux-mêmes, comme Guava Jelly, Lively Up Yourself, Screw Face, Satisfy my Soul Babe, Satisfy my Soul Jah Jah, Lick Samba, Craven Choke Puppy (série The Complete Bob Wailers 1967 to 1972 et coffret Songs Of Freedom, Island).

Bob part en Suède en mai1971. Il est salarié par Danny Sims pour composer des chansons avec Johnny Nash et son clavier texan, John "Rabbit" Bundrick, mais il ne sera jamais payé.
Il y écrit de grands classiques, les enregistre à la guitare sèche et participe avec eux à la bande d'un film où joue Nash, North Scene (Love Is Not A Game), des instrumentaux aux arrangements douteux de Fred Jordan. Le film ne reste à l'affiche que quelques jours et en janvier 1972 Bob part pour Londres rejoindre Johnny Nash qui enregistre pour Columbia son album à succès I Can See Clearly Now où figurent quatre des compositions de Bob.

Bob signe lui aussi un contrat avec Columbia et enregistre avec des musiciens noirs basés à Londres (sauf Rabbit, le seul blanc) dont Anthony "Rebop" Kwaku Baah, futur Traffic, les cuivres des Sons Of The Jungle, Peter Dupri à la basse, Winston Delandro à la guitare, Martin Ford au synthétiseur, et le batteur Richard Bailey. Marley enregistre avec eux le 45 tours Reggae on Broadway et cinq autres titres (publiés en partie sur l'album CBS posthume Chances Are en 1981) qui ne sortiront en mix d'origine qu'en 1998 sur Satisfy My Soul Jah Jah dans la série The Complete Bob Marley & theWailers 1967-1972.

Sims fera par la suite retravailler et ajouter des musiques peu inspirées, au goût du jour, autour des voix de Bob, et dans les années 80 sortira ainsi trois albums successifs très critiqués. Puis dans la même veine il publiera Soul Almighty en1996 et Black Progress en 1998. Le 20 avril 1972, Rita met au monde Stephen, son deuxième fils et dernier enfant de Bob, qui deviendra lui aussi chanteur, comme les trois précédents sous le nom de Ziggy Marley & the Melody Makers.
Le 19 mai 1972, la maîtresse de Bob, Janet, met au monde Rohan, futur champion de football américain. Rohan est adopté par Cedella, la mère de Bob.

Janet lui donnera aussi bientôt une fille, Karen. Bob quitte l'Europe au printemps 1972 et part chercher son groupe à Kingston pour une tournée anglaise en soutien promotionnel au 45 tours Reggae On Broadway qui va sortir. Avec les frères Barrett, Peter et Bunny, il commence à répéter à Londres mais le disque ne se vend pas et après quelques concerts dont un en première partie de Johnny Nash ils rentrent aux Caraïbes au bout d'un séjour de quatre mois.

SOMMAIRE

INTERVIEWS
BUJU BANTON
IJAHMAN
STONE LOVE
MIKEY DREAD
NZH
FOUTA

DOSSIERS

NEWS

CHARTS

NOUVEAUTES

REASONING
- Forums
- Chatroom
- SMS Gratuit

- votre mail@jahmusik.net

CONTACTS
- Pro
- Lecteurs

BOB's speaking
"Eh bien, ma façon de voir les choses, c'est que peut être qu'il faut passer par le pire pour atteindre le meilleur. Tu vois ce que je veux dire? C'est comme ça, le pire pour le meilleur !" (1980)

"notre pouvoir, c'est le pouvoir créatif, yunno? C'est de lui que viennent tous les genres de musique, les rockers, le reggae, le rock steady, tout ce qui est créatif et roots...
"Le reggae, eh bien, c'est une musique créée pour les rastas, elle porte la FORCE DE LA TERRE, le rythme des gens...C'est un rythme de gens qui travaillent, de mouvement, une musique des masses vous voyez? "
(1979)

Island
En octobre 1972, Bob a rencontré Chris Blackwell, qui lui a confié de quoi enregistrer un album pour Island, Catch A Fire.
Blackwell n'a pas pu obtenir le renouvellement de son contrat avec Jimmy Cliff. Cliff tient le premier rôle dans le film jamaïcain sur le reggae The Harder They Come, qui va mettre cette musique à la mode. Furieux, le Jamaïcain Blackwell, bien décidé à ne pas louper la mode naissante de la musique de son propre pays, se rabat sur Bob Marley & the Wailers.
Catch A Fire est enregistré en Jamaïque chez Harry J avec Carly et Family Man. Lors de rares concerts locaux, Peter Tosh est très présent à la guitare, notamment avec sa pédale wah-wah. Ils reviennent en Grande-Bretagne pour retravailler avec Blackwell les bandes de Catch A Fire, copiées sur seize pistes à Londres.

Le 4 novembre ils accélèrent et rallongent certains morceaux par un montage, ajoutent le clavinet, le synthétiseur Moog et le piano électrique plus rock de l'anglais John "Rabbit" Bundrick, les tablas de Chris Karen et, selon la mode en 1973, les longs solos de guitare de Wayne Perkins, un professionnel américain des studios Muscle Shoals.
Le disque est alors mixé sous la direction de Blackwell.
Rebaptisé The Wailers par Blackwell, ils signent un contrat de disques international avec lui (sa société Island a décuplé depuis la sortie de Judge Not en 62). Island partagera les recettes avec Danny Sims, qui lui a revendu son contrat international de producteur exclusif. Ce nouvel investissement leur donne la clé de la réussite et imposera bientôt le reggae dans le monde. Le 33 tours est présenté comme l'album conceptuel d'un groupe de rock noir, The Wailers, révélé au public par les prestigieux disques Island. Il obtient un succès d'estime dans la presse rock blanche.
On y trouve des joyaux comme Slave Driver, Stir It Up, Kinky Reggae. Les versions originelles antérieures de morceaux comme Concrete Jungle (déjà réalisé avec Lee Perry) sont peut-être plus magnifiques encore, mais les techniques de réalisation à l'européenne de Blackwell imposent le groupe, qui est ravi de percer ainsi. Enregistré avec le jeune organiste prodige Earl Wilber Force "Wire" Lindo qui restera aussi pour les concerts, l'excellent Burnin' est lui aussi tourné vers un public large.
Les orientations déjà suggérées par Blackwell sont intégrées directement par le groupe. Burnin' est bien accueilli, mais passe plus inaperçu. Sorti également sous le nom des Wailers, il contient Get Up Stand Up, Small Axe et I Shot the Sheriff. Une deuxième tournée anglaise a donc lieu en avril 1973.

Bunny Livingston quitte le groupe en pleine tournée, déçu par les pressions psychologiques, financières, le climat et le mode de vie occidentaux. Il se rebaptise Bunny Wailer pour sa carrière solo qui connaîtra quelques succès comme l'album Blackheart Man enregistré avec le groupe de Bob Marley (et Bob aux chœurs).
Bunny est remplacé par Joe Higgs (leur ancien prof de chant) pour une tournée américaine en premier partie de Sly Stone. Les Wailers sont évincés de la tournée après trois concerts et enregistrent pour une émission de radio californienne ce qui deviendra le CD Talkin' Blues. Ensuite, après quelques concerts anglais avec Bob mais sans Higgs, Peter Tosh quitte à son tour les Wailers, déçu par l'attitude d'Island qui met Marley, meilleur compositeur, et à la personnalité moins arrogante, trop en avant à son goût.
Quelque peu moins talentueux que Bob, Peter Tosh trouvera néanmoins le succès avec une carrière solo truffée de morceaux excellents, comme en témoigne notamment les albums Legalize It, Equal Rights et Bush Doctor. Bob, chante, compose, joue de la guitare et réalise lui-même ses disques pour le producteur Blackwell, qui agit en tant que directeur artistique mais n'intervient pas directement dans les studios. Eric Clapton, très coté en 74, obtient son seul numéro un en Amérique avec le I Shot The Sheriff de Bob Marley, qui profite beaucoup de cette publicité mais réalise que vieux son contrat d'éditions signé en 1968 avec Danny Sims lui retirent l'essentiel de ses droits d'auteur (SACEM en France).
Pour que Danny Sims, éditeur de ses compositions, ne touche pas la part des droits qui lui reviennent, Bob ne signe plus les morceaux de son propre nom.
Certains sont attribués à son vieil ami du ghetto Vincent "Tata" Ford qui a un peu contribué aux paroles (il est crédité comme auteur compositeur de No Woman no Cry alors qu'il est à peine musicien), d'autres à un énigmatique R. Marley (Rita ou Robert ?), ou à ses amis Carlton Barrett son batteur et son ami footballeur Alan "Skill" Cole. Le stratagème réussira en fin de compte.
C'est en lisant Bob Marley, la solide biographie de Stephen Davis, que l' ayant-droit Sims comprendra la ruse, mais un peu tard. Il fera constater la fraude lors d'un procès posthume, mais malheureusement pour lui quelques mois seulement après le délai légal de pourvoi, d'où une perte sèche de plusieurs millions de dollars.

Bob Marley & the Wailers
En 1974 le groupe se recentre autour de Bob avec Aston "Family Man" Barrett, (basse) Carlton "Carly" Barrett (batterie), l'Américain Al Anderson (guitare), Alvin "Seeco" Patterson (percussions) et le trio I Three aux chœurs (Rita Marley, Judy Mowatt et Marcia Griffiths), qui comptent tous parmi les meilleurs musiciens de l'île. Cette équipe restera le groupe de scène de Marley jusqu'à la fin.

Bernard "Touter" Harvey (orgue) est engagé pour compléter l'album suivant, Natty Dread. La carrière solo de Bob Marley (& the Wailers à nouveau) commence alors en 1974 avec son célèbre No Woman No Cry (sur Natty Dread) où il demande à une femme qu'il quitte de ne pas pleurer, tout en décrivant leurs bons souvenirs à Trench Town.

Il rappelle au passage les "hypocrites" qu'ils y ont rencontré et les amis perdus sur leur route, sans oublier leur "passé" d'esclave "qu'on ne peut pas oublier" en se dirigeant vers "ce futur magnifique".
Avec d'autres titres comme Lively Up Yourself, Natty Dread, Revolution, Rebel Music, Them Belly Full, l'album Natty Dread reste sans doute son plus grand chef-d'œuvre. Différents disques restés inédits jusque là commencent à sortir sur différents labels le plus souvent illégaux.
Jusqu'à la sortie de la série exhaustive des Complete Bob Marley & the Wailers 1967 to 1972, des centaines de disques pirates au son et aux pochettes généralement de qualité médiocre saturent le marché, mélangent les morceaux de différentes époques, semant la confusion et dévalorisant l'œuvre de la formation originelle du trio Wailers.
Une tournée anglaise de Bob Marley & the Wailers a lieu en 1975. Les journalistes londoniens sont très impressionnés par le concert qui donnera l'album Live at the Lyceum.
C'est une révélation qui lance la médiatisation intensive de Marley en Angleterre. Elle sera bientôt relayée dans le reste de l'Europe et du monde.
C'est aussi la version en public de No Woman No Cry qui commence à passer à la radio.
En quelques mois, contre toute attente Marley est une superstar. Son succès est universel et foudroyant. Il lui reste à peine six ans à vivre. Le contenu de ses chansons est fidèle à une tradition jamaïcaine que l'on retrouve dès les débuts du ska, et dont les trois principaux thèmes sont partagés à peu près également dans son œuvre. Premièrement, on y trouve d'abord des chansons d'amour délicieuses comme Baby Baby We've Got a Date (Rock It Baby), Could You Be Loved, I'm Hurting Inside ou Waiting In Vain.
Deuxièmement, à partir de 1974 surtout, des compositions violemment contestataires où Marley défie l'autorité, un oppresseur qu'il résume sous le terme utilisé dans la Bible pour les païens : Babylone.
C'est I Shot the Sheriff au thème dérivé du I've Got To Keep On Moving de Curtis Mayfield, où il est contraint de tuer en légitime défense un policier qui le pourchasse et veut l'abattre sans raison. Il ajoute qu'il est faux de dire qu'il a aussi "tué son assistant (deputy)". C'est aussi Concrete Jungle, le quartier de la "jungle de béton" dans le misérable ghetts de Trench Town d'où il vient et où "il faut faire de son mieux" pour tenir. C'est Get Up Stand Up, "lève-toi et défends tes droits". C'est Small Axe, où "la petite hache va couper le gros arbre", métaphore pour dénoncer le "big three" des distributeurs de disques de l'île.

C'est encore un non-violent Burnin' and Lootin' où il exhorte le monde à "brûler et piller"... "toutes ses illusions" ou encore Soul Rebel, Rat Race...
Et troisièmement, il fait découvrir au monde les racines africaines spirituelles et historiques de la civilisation en présentant la culture syncrétique d'un mouvement marginal jamaïcain qui prône le rapprochement de tous les hommes, le Rastafari.
Pour les rastas, Haïlé Sélassié Ier (Jah Rastafari), l'empereur d'Ethiopie descendant direct de la dynastie du roi Salomon (selon la liturgie chrétienne orthodoxe éthiopienne) est une divinité, l'homme sacré qui incarne les valeurs chrétiennes originelles et rappelle au passage les origines africaines, éthiopiennes et égyptiennes en particulier, de la civilisation occidentale (So Jah Seh).
L'assassinat de Sélassié en 1975 par une junte militaire sanguinaire lui fera chanter le 45 tours Jah Live où il proclame que Dieu ne peut mourir. Les rastas, persécutés pour blasphème dans la très chrétienne Jamaïque, se reconnaissent aux nattes naturelles (Natty Dread) qu'ils portent souvent (mais pas toujours) selon le vœu du nazir de la Bible.
Ils sont le plus souvent condamnés pour leur consommation de chanvre (Rebel Music), utilisée comme partout comme un prétexte à la répression et passible de fortes peines de prison, alors que la consommation de ganja est une habitude très répandue dans toute l'île.
Le 26 février 1976 naît Kymani, fils de Bob et Anita Belnavis, la championne du monde de tennis de table des Caraïbes. Kymani deviendra chanteur. Lucy Pounder met au monde un autre fils, Julian, qui deviendra lui aussi chanteur........(suite page 3)

HAUT DE PAGE
PAGE 2
    
 
©Jahmusik 2001/2002 - all right reserved mangeur de cigogne