Comment
as-tu eu l'opportunité d'enregistrer ton premier album
pour MGB ?
En 1984 j'ai participé à un concours
de Djs à Manchester. J'étais sur scène,
je chantais mes trucs et à la fin un bredren m'a abordé
en me disant qu'il était prof au collège. Il
trouvait que quand je quittais la scène je ressemblais
à Teddy Pendergrass. Je me souviens, quand il m'a dit
ça, j'ai répondu "waou ! Tu me compares
à un personnage aussi Big ! Ca doit bien vouloir dire
que j'ai quelque chose en moi !". C'est de cette
manière qu'il m'a emmené en studio pour enregistrer
en 84 à Tuff Gong
et c'est là que j'ai sorti ma première chanson.
Quelles
ont été tes principales influences musicales au fil
de ta carrière ? Tous les gens qui y ont contribué
sont très importants, même ceux qui m'ont
fait du mal, car ils m'ont tous donné des leçons. C'est
grâce à eux que je suis ce que je suis aujourd'hui. Tous
ceux qui ont fait un bout de chemin avec moi me sont très chers.
J'apprends de tout ce qui me passe sous la main. Aussi bien du bon
que du mauvais. Il n'y a que comme ça qu'on avance. A partir
de ce moment tu peux te tenir face au public et lui faire passer ton
message.
Qu'est-ce
que qui t'a poussé à créer ton label Flame
Promotions ?
En 1992, j'ai signé un premier album avec Chaos
Records, une filiale de Columbia. On a travaillé ensemble
jusqu'au début de l'année 1995. Puis, je me
suis dit que si je n'avais plus affaire à une grosse compagnie,
il fallait que je crée la mienne. Je savais que Motown s'était
déjà monté sur une petite structure de base
avant de se développer. Les grandes maisons commencent par
être petites, puis, elles grandissent. Je savais que je prenais
la bonne direction. Cette première étape a permis
de mettre Flame Production au jour.
Est-ce
l'album sur lequel tu as chanté avec Diana
King qui t'a donné cette motivation
Vibes of the Time !
Ouais,
c'est dommage qu'il n'ait pas aussi bien marché
que les autres.
Ce n'étais pas à l'ordre du jour. Cette
musique était un peu trop sophistiquée pour
l'époque. Certains sons qui ont plu aux différentes
compagnies de disques ne m'ont pas forcément branchés.
La
chanson que nous avons chanté avec Diana
King c'était "Hit
the road Jack". En effet ,selon ce que
planifiaient les maisons de disques, elle aurait
du faire exploser les charts. Mais au moment de
la produire ils ont demandé l'autorisation
à Ray Charles. Je ne voulais vraiment
pas qu'on modifie trop la chanson mais n'ayant pas
eu l'autorisation il a bien fallu la chanter différemment.
Je souhaitais que Diana King pose sa voix pendant
que je lui envoyais le son. Les maisons de disques
nous ont conseillé de le faire à notre
propre sauce, c'était plus simple. Ca a pris
un peu plus de temps que prévu mais en même
temps ça nous a fortifié. Quelle satisfaction
à la fin, ça valait le coup !
Penses-tu qu'aujourd'hui
le reggae remplisse ça mission de manière
efficace ? Le reggae ne change pas
de fond, on ne peut pas dire qu'à
telle ou telle période, il soit plus efficace
qu'à une autre. Bien sûr, il évolue.
Il y a toujours de nouveaux concepts, de nouveaux
styles et de nouvelles idées mais le message
reste le même. Vous avez le ska, le rocksteady,
le reggae, le dancehall et ça continue de
progresser.
Mais le roots c'est le .
Reggae ! Un grand arbre avec beaucoup de branches. C'est pourquoi
c'est un procédé qui n'a pas de limites.
C'est
un message qu'il est bon de mettre en avant de nos jours.
En tant que Rasta, je ne peux que souhaiter la paix, l'amour et la
justice pour cette grande famille que représente l'humanité.
Plus de guerre;
laissons régner la paix. Nous sommes de petits dieux
et de petites déesses. Nous avons le pouvoir de diriger nos
destins vers une direction choisie. Tout ce qui arrive au genre humain
arrive de son propre chef. Il est possible de tout changer. Une seule
année du salaire de Bill Gates suffirait pour supprimer la
pauvreté dans le monde, suffisamment d'argent pour que tout
le monde vive dans de bonnes conditions.
J'ai
appris que tu es allé en Israël
avec Mutabaruka il n'y a pas si longtemps. Que penses-tu
des conflits qui y sont menés en ce moment ?
Je pense que c'est mal, parce que Israël est un petit
pays. Les Palestiniens et les Israéliens
doivent cohabiter. Si tu dois partir pour Jéricho,
il te faut faire une escale. Si tu veux aller à Jérusalem,
tu dois faire un détour. Ca n'arrête pas, tu
comprends ? Mais je pense que c'est parce qu'ils ont trop
servi le mal là bas. Ils disent qu'Israël se trouve
au Moyen Orient mais en fait Israël fait aussi partie
de l'Afrique. L'Egypte et Israël sont côte à
côte. La seule chose qui les séparent c'est le
canal de Suez qui a été creusé en 1865.
Les hébreux sont les témoins de ce qui se passe.
Peux-tu
nous parler du travail que tu fais avec les
enfants ?
Si on veut des changements dans le monde, il faut commencer
avec les enfants. Il n'y a pas si longtemps, j'ai réalisé
un album qui m'a été commandé par
les Nations Unies. Dans cet album, je dénonce
tous les abus qui sont infligés aux enfants à
travers le monde. Je suis allé dans de nombreuses
écoles en Jamaïque, pour donner de la motivation
et de l'espoir aux enfants. Tu sais, si on fait tout cela
pour eux c'est que le futur se trouve entre leurs mains.
La
solution c'est donc de croire
La solution c'est de savoir. Une fois que tu possèdes
la connaissance, il s'agit d'acquérir la sagesse
pour être capable de transiger. Il y a la connaissance
du bon et celle du mauvais .
Tuer, est un savoir faire au même titre qu'un
autre. Ne pas tuer est aussi une connaissance que l'on
peut acquérir. Beaucoup de gens en Europe vont
mourir parce qu'ils fument beaucoup trop de cigarettes.
Il faut apprendre à ces gens à pouvoir
s'arrêter, surtout ceux qui fument de la ganja.
Il ne faut pas qu'ils la mélangent à ce
poison, c'est un médicament. On ne mélange
pas ce qui soigne à ce qui empoisonne. Vous fumez
de l'herbe, j'en fume aussi ; Rien ne pourra me faire
céder à leurs mauvaises habitudes de fumeurs
de tabac et de buveurs d'alcool.
Il
paraît que Bunny Wailer
a le projet de créer un parti politique
?
En effet, j'ai bien entendu parler de cela. Je n'ai
rien contre les gens qui s'impliquent dans la politique.
Peux
tu donner ton avis à ce sujet. Il y a beaucoup
de polémique autour de ça, que Rasta
ne deal pas avec la politique.
La politique contrôle. C'est son rôle. Elle
contrôle aussi la vie des Rastas. Ce n'est
pas la mer à boire si un Rasta décide
de s'insérer dans le système politique
pour contrôler sa propre vie. Haile Selassie
a été gouverneur d'Ethiopie, mais il était
spirituel également. On peut faire la balance.
Ce n'est pas la peine de se fourrer dans les politricks
(trick= tour, magouille). Tout peut être
impliqué dans la politique, même le concert
de ce soir. L'impact dépends de la manière
dont on présente les choses. La politique peut
être utilisée pour laisser la place à
la parole des rastas ; donc il n'y a pas de problèmes
; surtout s'il s'agit de servir les gens comme ils doivent
être servis. Le premier ministre de Jamaïque,
c'est Peter Philips, un Rasta convaincu. Un rasta
reste un rasta même s'il s'est engagé dans
la politique, comme les autres experts. Alors pourquoi
ne pas se mettre au service du peuple ?
Te
permettrais-tu de dire Fayah bun
Bush si tu étais à New York ?
Bien sûr ! Brûlez Bush ! Où que je
sois je dirais la même chose : Bush au feu ! On
a déjà brûlé Tony Blair à
Londres. Même lorsqu'on chante aux USA, on demande
à Bush de légaliser la ganja.
Et
Chirac !
Chirac ? Qu'on le jette au feu comme les autres !!!
Bush d'abord, Chirac ensuite ! Ne me donnez plus de
visas c'est tout ce que vous pouvez faire ! J'adore
ma Jamaïque ; mais si je veux, je peux quand même
venir en France bien que je préfère l'Afrique.
A bas Tony Blair !
Chaque fois que tu essaies de réaliser quelque
chose il y a un truc brisé au fond de toi qui
t'en empêche à cause d'eux .
En
effet il est important de garder
De maintenir le feu qui est en nous !
Bless ...
TONY
REBEL / Irene & Juman pour Jahmusik.net
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