C'est
en 1988 que Patrick Barrett aka TONY REBEL enregistre
son premier titre "Casino".
Loin des guns lyrics et du slackness de l'époque, Tony
a toujours réussi à garder une direction conscious,
s'affirmant comme un des premiers artistes annonçant
le retour du reggae conscious ; d'ailleurs c'est même
lui qui présenta Garnett Silk, encore Bimbo à
l'époque, à Anthony Rochester.
Enchaînant les Hits, au fil des années Tony se
fait un nom, enregistre de superbes albums (dont le "Rebel
with a cause" chez Penthouse), collabore avec de nombreux
artistes, il en produira
même
certains ; en sommes, en une 15aine d'année, il est devenu
un artiste incontournable, produisant même l'énorme festival
REBEL SALUTE.
Engagé, parfois enragé, TONY REBEL ne mâche pas
ses mots et a l'esprit vif. Ce fût un grand plaisir de le rencontrer
à Montpellier. Interview exclusive TONY REBEL.
Où
as-tu grandi et comment ton éducation t'a-t
elle forgé ? TONY REBEL :
J'ai grandi sans père ni mère. J'étais
avec mes grands-parents jusqu'à l'âge
de 12 ans, puis ma grand-mère est décédée.
J'ai vécu comme les enfants de mon âge.
Comme tout le monde je créais des soucis
aux autres, je m'amusais, j'apprenais. J'allais
à l'église, comme les gens du pays
à l'époque.
Tu
viens de quel coin de la Jamaïque ? TONY REBEL :
Je viens du côté rural de Manchester,
dans la partie centrale de l'île, où
il y a encore beaucoup d'animaux sauvages, beaucoup
d'arbres, de la vie en somme ! Pas de civilisation,
en terme de développement.
A
quel âge as-tu commencé à
chanter ?
Je crois que j'ai commencé très
petit ! Dès 12 ans, j'ai pris conscience
que mon destin était de chanter et j'ai
écris ma première chanson.
J'ai aussi souvent fait le DJ dans des soirées,
pour des amis et pour d'autres gens de la communauté.
Ca a vraiment été une période
déterminante pour moi. Je me construisais
en tant que musicien, en tant que chanteur.
Te
rappelles-tu de quoi parlait ta première
chanson ? Quand on compose une chanson à
12 ans c'est qu'on a un truc fort à exprimer,
non ?
Ha ! Une chanson d'amour : " I don't love
you anymore", voilà le titre.
Eh oui ! J'ai été amoureux si jeune
déjà ! (rires) Mais cette
chanson n'est jamais sortie. Ma première
chanson c'était "Casino",
je l'ai écrite en 84.
Quel était ton nom de scène à l'époque
? Papa Tony
ou Tony Ranking ?
Non. Papa Tony et Tony Ranking sont des noms que j'ai
simplement essayé. Mais après avoir profondément
réalisé qu'à l'intérieur
de moi j'avais un côté rebelle, j'ai décidé
de me faire appeler Tony Rebel.
Rebel au fond de moi même "pour une cause"
et pour une valeur (rires), tu comprends ?
Que veux dire rebelle à
tes yeux ?
Jette un il dans le dico !
Oui mais il y a des tas de
définitions : rébellion en tant que combat
pour faire passer un message ou bien rébellion
en tant que retour vers soi même .
C'est
pourquoi je te renvois au dico. Certaines définitions
parlent de rébellion contre le gouvernement, d'autres
rébellions contre tout un système. Moi, je suis
un bon rebelle. Je me rebelle contre tout ce qui est faux.
Je suis un vrai rebelle, je ne suis pas de ceux qui s'opposent
à Dieu, je ne suis a pas un rebelle qui défie
Dieu et méprise le genre humain.. Je
suis un rebelle qui défends la Justice la paix et l'amour.
Je
sais que tu as fait partie du Destiny
Outernational Sound System ; mais quel a été
ton premier sound system ?
Le premier sound dont j'ai fait partie a été
le Thunder Storm. Le son n'était pas aussi tonitruant
que son nom l'indique mais ça allait. Ce sound avait
plutôt la puissance d'une petite dépression tropicale
(rires). Je devais alors avoir 14 ans. J'ai aussi fait
partie d'autres sounds, qui s'appelaient Black Orga
et Rally High Power. A l'époque, Destiny Outernational
était un des sounds qui faisaient le plus de bruit.
Garnet Silk se faisait
appeler Bimbo en ces temps là. Il y avait Everton
Blender, Little Kirk et tous ces frères
qui sont devenus célèbres à force de
tourner. Oui D.O se démarque assez bien, c'est vrai
J'ai aussi travaillé avec Youth Promotion, avec Sugar
Minott.
Qu'avez
vous sorti ensemble ?
J'ai réalisé deux chansons avec Sugar Minot
mais à l'époque on se connectaient surtout à
l'occasion des sounds system. Je suppose que les chansons
que nous avons chanté ont du être enregistrées
quelque part, sur vinyles. Je suis sûr qu'on peut les
retrouver sur Cd ou sur K7.
Est-ce
que ça été difficile d'arriver en
tant que Dj, ayant un message conscient, au milieu de
ces histoires de guns et de slackness ?
On peut dire que j'ai eu un esprit très partagé
à partir du moment où j'ai choisi de faire
mon métier.
Bien entendu c'était très tentant ! Beaucoup
d'artistes ne jouaient que pour être célèbres,
faisant choses et autres pour être populaires et
pour sortir du lot, pensant que leurs tunes sur les guns
deviendraient des hits . Personnellement, je savais que
je devais accomplir une mission pour mes semblables. Mon
peuple n'a pas besoin d'autres tueries, ce genre de vibes
étaient inappropriées. On ne voulait plus
de meurtres, ni même qu'une sister se fasse encore
manquer de respect. Tout ce qu'on voulait, c'était
répandre l'amour au sein de cette grande
famille
que constitue l'humanité. J'ai ressenti ce besoin.
Cela m'a fortifié, malgré la division.
Bien sûr Dieu reste mon guide et ma source de
vie. C'est pour ça que les choses fonctionnent.
Comment
as-tu eu l'opportunité d'enregistrer ton premier
album pour MGB ?