C'est au milieu des Jamaïcains
et des Indiens qu' Adrian a grandi ; il a toujours été au
contact du reggae qui très vite est devenu une passion qu'il partageait
avec ses amis.
Au début de cet article, je vous disait que c'est précocemment
que Sherwood est tombé dans la marmitte de la musique, et je vous
garantis que ce n'est pas rien de le dire ; à 17 ans il créé
son premier label et devient ainsi un des plus jeunes chef d'entreprise
britannique , travaillant avec des hommes dont le nom provoque aujourd'hui
la nostalgie, comme Emperor Rosko, Judge Dread, Johnny
Walker , Steve Barnard, mais aussi Prince Far I avec
qui il beaucoup collaboré jusqu'à sa mort en 1983, à
cette époque, Adrian a même enregistré le premier
titre de Black Uhuru.
"C'est en 1975 que j'ai co-créé
mon premier label, on l'avait appelé Carib Gems Records, avec mon
associé Sheeps Richards qui venait lui même d'un autre label
(Privacy Words grounation), Puis on travaillait avec un de nos ami Jamaïcain,
Joe Fox, à cette époque, on a pressé 67 titres. On
avait aussi un associé indien, Kukana.
J'étais le plus jeune de l'entreprise, mais quand même le
directeur, et je devais choisir quels disques on allait produire sur notre
label. Bien sur ,on faisait enregistrer nos amis Jamaïcains, mais
on avait aussi une boite de distribution dont j'étais aussi le
directeur. Puis quelques années plus tard, on a commencé
à avoir des problèmes financiers, et à 20 ans j'ai
connu ma première banqueroute, une faillite."
Et vous croyez que c'est ça qui va faire sombrer un des pionnier
du reggae dub anglais? que neni. C'était un passioné ; alors
qu'est ce qui pouvait l'arrêter...
Adrian se fait vite un nom dans le petit monde du reggae anglais de la
fin des années 1970 ; il travaille pour différents labels
(Pama, Trojan, Volcano, Hitrun), et est alors en contact avec tout les
jamaïcains de passage à London, qui fréquentent alors
aussi régulièrement ses studios ; oui, je dis bien, ses
studios, parce que vous croyez quand même pas qu'Adrian allait rester
là, à 20 ans, sans label, sans pouvoir produire. Impossible.
Il créé donc en 1978 une petite structure qui ne fut jamais
retentissante en son temps, mais avec laquelle il sortira 34 titres, mixera
et produira des oeuvres d'antologie dont, Carol Kalphat "African
Land" (avec Eastwood & Dr. Pablo), Prince Far I
"Higher Field Marshall.", mais aussi le premier set dub des
Roots Radics "Dub To Africa", ou encore le premier chapitre
de "Crytuff Dub Encounter" de Prince Far I & The Arabs.
A cette époque, il travaillera beaucoup en collaboration avec Hitrun
Records; par le biais de ce label, il rentrera en contact avec Creation
Rebel, qu'il produira sur ses labels pendant longtemps, mais surtout
avec qui il se testera au mix en live.
"J'ai commencé à mixer
en live quand je travaillais avec Creation Rebel dont je m'occupais ,
puis il y a des gens qui aimaient la manière dont je mixais sur
scène, alors j'ai commencé ce nouveau travail pendant quelques
années et ça m'a permis de mixer pas mal de groupe et par
la suite d'enregister avec ON U Sound pas mal de ces artistes"
A cette époque, la fin des années 1970, Adrian (et son crew)
étaient quasiment les seuls avec Neil Fraser, Jah Shaka,
à s'intéresser au Dub. C'est en 1980, qu'il créé
son label On U Sound avec quelques uns de ses amis dont Peter
Holdworth et le photographe Kishi Yamamoto.
"à la fin de l'année 1980,
on a sorti notre premier disque en novembre décembre 1980 (...)
C'était dans une période très très créative,
il y avait beaucoup de groupes de différents horizons qui gravitaient
autour de nous et pour lequel nous avions beaucoup d'intérêt"
Jahmusik : Est-ce que tu es toujours en contact avec les gens avec
qui tu as commencé?
"Oui je vois encore tout le monde. On
a tous suivi nos chemins, mon associé du départ Peter Holdworth
(qui était à nos côté lors de l'interview)
a monté Pressure Sound. En fait quand on s'est rencontré
avec Peter, il venait de monter son premier label,c'était en 1980,
il avait 20 ans , puis ensemble on a créé OnU Sound, qui
était en fait venu après un autre label de Dub qu'on avait
créé et qui avait été un désastre.
Ensuite plusieurs années après, on a commencé Pressure
Sound ensemble. Tu sais dans ce domaine c'est difficile de rester impliqué
dans une seule chose, ce n'est pas facile de tenir quelque chose de ce
type très longtemps, c'est beaucoup de travail et il faut savoir
prendre les bonnes directions."
Adrian Sherwood avait été jusqu'ici un talentueux producteur.
Ayant travaillé avec de nombreux artistes, et surtout baigné
dans une Angleterre en pleine émulsion artistique avec le Punk,
le reggae, le funk, le rock... il a vite ressenti le besoin de créer
son propre son, avec ses propres influences.
"Je ne cherche pas à faire des
disques qui ont un son comme n'importe lequel autre en Jamaïque.
Quand j'ai commencé, beaucoup de gens ont dit : "c'est le
son de Lee Perry, c'est le son de Prince Fari, c'est moi, c'est à
moi..." Si tu écoutes les grands producteurs comme King Obsourne
(King Tubby), Augustus Pablo, ou des mixeurs comme Perry tu peux entendre
leur superbe travail dans le mix,dans leurs choix, ils ont fait avancer
le son. Alors ce que j'essaye de faire dans leur lignée, c'est
mes propres productions, et si les gens pensent que ça sonne comme
untel..., qu'ils sachent que j'ai travaillé dur pour que ça
arrive."
Durant les années 1980, Sherwood imposera sa patte dans le monde
du reggae, par ses productions et ses mix, qui auront été
des clés de voute pour l'avenir du reggae, plus particulièrement
du Dub et surtout de son influence sur la musique en général.
Il capturera pendant cette décennie pour son label ON U Sound des
sons d'antologie avec Singers & Players, Creation Rebel,
Bim Sherman, Mark Stewart & The Maffia, Judy Nylon,
London Underground, African Head Charge & Dub Syndicate,
pour n'en nommer que quelques uns. Il continuera aussi à travailler
parallèlement en dehors de son label, et produira le "Crytuff
Dub Encounter Chapter III" de Daddy Kool, "Revenge of
the Mozabites" de Suns of Arqa et aussi le "One Way System"
de Dub Syndicate.
Reconnu pour son génie et pour son ouverture artistique, Adrian
produira aussi différents groupes de tous styles, dont, Depeche
Mode, Living Colour, Nine Inch Nails ou Ministry.
Et mixera en live pour Creation Rebel, The Slits, Maffia,
London Underground, Early Rip Rig, & Panic gigs...
C'est au milieu des années 1990 que les amateurs français
de Dub, pourront voir Adrian Sherwood, lors de House of Dub à l'Elysée
Montmartre organisée par Dub Action.
Cette année 2001, c'est à Sherwood que Marco,
Rasboras et Trispa de Dub Action, ex Treponem
Pal, ont confié les manettes de leur nouveau projet de groupe
: Elephant System
"J'ai connu Marco et Patrice au travers
de leur Sound DUB ACTION, parce qu'à la base, ils aiment le reggae,
la musique jamaïcaine, puis ils m'ont fait venir à l'élysée
Montmartre, ensuite on a fait une tournée en Europe ensemble, on
est devenu ami. Je connaissais aussi un peu leur tavail avec Treponem
Pal, et c'est un un album de reggae qu'on a voulu faire ensemble. On s'est
dit que ça pourrait être marrant d'essayer. Tu sais Marco
travaille très dur, il a pris des cours de chant pendant un an
pour avoir plus de controle sur sa voix. Il a fait le disque qu'il voulait
faire, il est vraiment déterminé et c'est un passionné.
C'était un plaisir à réaliser."
Est-ce que c'était un nouveau style pour toi?
"Oui bien sur, il n'y a pas d'autres
disque comme celui là, c'est très inhabituel; certains peuvent
détester, parce que ça sort des habitudes, qu'ils aillent...!
mais si tu es musicien, producteur, que tu aimes la musique, putain! c'est
vraiment très très bon. Je respecte énormément
Marco pour le travail qu'il a fait, la manière dont il s'est investi
et a emmené Treponem Pal à Elephant System, it's fucking
serious."
Si Sherwood a travaillé avec Elephant system, et ce de ses studios
Londoniens de On U Sound, ce n'est pas sans savoir que cet album s'adressait
aussi à un public français, amateur de roots reggae. Mais
Adrian aime ce qui sonne différent, ce qui est original, et il
est flatté de poser sa patte dans un territoire en pleine émulsion
artistique
"Il y a une très grosse reggae
vague en France. Tout le monde sait que la France est le premier marché
pour le Roots Reggae. Aussi, chez nous, le reggae, a bien changé
au niveau du rythme, les jeunes trouvent plus branché de s'intéresser
au Garage ou à la Drum&Bass, qui ont aussi de fortes influences
reggae ; Ici vous avez Burning Spear, Israel Vibration... chez nous en
Angleterre, c'était vraiment big il y a 20 ans. En France, il y
a un excellent marché pour tout ce qui est bon, ce qui est très
bon pour la musique française par conséquent; vous avez
aussi de la musique africaine ici, il y a en France une bonne conscience
musicale, vous avez l'esprit ouvert"
Au début des années 1990 , Adrian Sherwood, conscient de
l'importance de l'héritage de la musique Jamaïcaine, a aussi
co-créé avec son ami Peter HoldWorth le label Pressure
Sound, sur lequel vous trouvez en CD comme en galette des morceaux
d'anthologie du reggae des late 70's.
Je vous le disais au début, Adrian est tombé dedans quand
il était petit, et il n'y peut rien, il est un des pillier du reggae
et un pape de la nouvelle vague de Dub moderne ; toujours en action, très
humble et modeste, Adrian ne pourra jamais s'arrêter, le reggae
est en lui, et le reggae c'est un peu lui aussi ; Adrian Sherwood figure
au côté de tous les grands producteurs et mixeurs jamaïcains
comme Perry, Tubby, Jammy qui ont fait avancer cette musique, on peut
sans problème aujourd'hui dire qu'il en est un des pillier ; il
n'est pas prêt de s'arrêter non plus...
"Ca fait déjà 3 ans que
je travaille sur un album solo pour Pressure Sound. Ces dernières
années, j'ai produit pas mal d'artistes, ce qui me permet de vivre,
mais maintenant j'ai réellement envie de faire un album en mon
nom, ça va être ma prochaine étape. Je dois aussi
produire un autre album solo pour Dream World; puis j'ai aussi quand même
pas mal d'autre projets avec différents artistes (Ghetto Priest,
Dub sinclair). J'ai du travail devant moi pour trois ans, c'est très
bon.
Restez fort et positif."
Adrian Sherwood / Rubenxela
and Daddy JM (special respect à Peter Holdworth)
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