Un
nouveau groupe arrive sur le devant de la scène reggae française,
avec un style bien particulier, une vibes très forte, et une détermination
à faire sombrer des montagnes : c'est le
ELEPHANT
SYSTEM.
Groupe originaire de la capitale, les 7 membres du collectif
font parti d'un ensemble plus large, comprenant le Dub
Action Sound et le label Hamerbass.
Composé de : Marco chanteur, Roller
batteur, Junior Perez le bassiste, Michel
Bassin Guitare, Didier dit Rasboras
aux claviers et sampleur, Trispa à
la communication et DJ, et Mazarin qui est
sonorisateur; 3 membres fondateurs du groupe proviennent de l'ancienne
formation Hardcore Treponem
Pal.
Tout de même actif depuis plus de six ans dans le
milieu reggae underground avec le DubAction Sound System, c'est aujourd'hui
avec ELEPHANT SYSTEM, et son Massive reggae urbain que le groupe, mené
par Marco, décide de s'imposer aujourd'hui et d'apporter de nouveles
vibes au reggae.
C'est au Trabendo à Paris, lors de leur représentation avec
en invités, Adrian Sherwood (On U Sound, qui a produit leur album),
Peter Holdworth (co-fondateur et directeur du label Pressure sound) et
Dub Wiser (du label Hamerbass), que nous avons rencontré Marco,
chanteur du groupe, lors d'une interview où il nous explique leur
parcours , et tout d'abord comment ils se sont dirigés vers le
reggae :
Marco
: "naturellement en fait. C'est à dire que ça
peut faire halluciner des gens de faire du hardcore et de passer au reggae,
mais franchement changer de style ça n' a rien d'incroyable.
Simplement pendant 10ans on a fait 4 albums hardcore, et après
ça on a eu notre dose ; on avait déchargé toute la
rage qu'on avait en nous, puis on a eu envie de passer à autre
chose, de faire une peau neuve ; et puis, on est pas du tout carriéristes,
ce qui nous plait c'est de triper, de faire que ce qui nous plait, le
reste on s'en fout.
En fait, sur le dernier Treponem on avait commencé à poser
les bases reggae, puis il y a eu la rencontre avec Sherwood,
il y a un peu plus de 6 ans, c'était à l'époque où
on a monté Dub Action. Du coup on a fait une tournée en
Europe avec lui et Dub Action, et là je lui ai fait écouter
les premières maquettes de Elephant System, qui l'ont bien fait
triper.
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En fait on venait du même monde,
c'est à dire que lui il avait produit pas mal de groupes punk hardcore,
assez durs comme nous et il avait produit plein de reggae. Donc vu qu'on
venait de ce monde et qu'on se tournait vers le reggae, on s'est de suite
compris.
Pour Adrian, entendre une base reggae avec une voix distortionnée,
des trucs comme ça, ça lui fait pas peur, ça l'éclate
parce qu'il aime l'originalité, il aime ce qui est intense, c'est
pas un intégriste.
Alors après avoir réglé le passage de Mercury à
Island du fait qu'on faisait un projet reggae, c'était parti."
Donc, je récapitule
un peu : Il y a une dizaine d'années, une bande d'amis de banlieue
parisienne crée le groupe punk hardcore Treponem Pal ; forts de
4 albums, ils décident en 1995-96 de s'essayer au reggae Dub, son
qu'ils affectionnent depuis longtemps, et créent le Dub Action
sound, avec lequel ils feront raisonner le gros son de London et de Jamaïque
dans de nombreuses places de la capitale.
Ayant déjà cette vision massive et indépendante des
choses, qui caractérise aujourd'hui Elephant System, ils créent
en 1996 le label Hamerbass, bien connu des amateurs de Dub. Peux tu nous
pourquoi Marco?
Marco:
"A la base c'est Didier, Patrice et moi. on fait Dub Action,
et avec ça, au lieu de se payer, on a mis l'argent de côté
et on a monté on label qui s'appelle Hamerbass, et c'est
comme ça qu'on a commencé à sortir des trucs, soit
en anglais, soit en français, soit jamaïcain ; et là
dernièrement on a monté une boite de promo.
En fait ça nous permet par exemple de négocier avec Island
pour qu'ils nous payent une promo indépendante ; c'est à
dire de payer notre propre boite pour qu'on fasse notre propre promotion,
et donc tout controler.
Comme ça déjà ça nous fait entrer plus d'argent
dans nos caisses, et Island de leur côté, ont eu un discours
très clair, en nous disant qu'il ne savent pas travailler ce genre
de produit, plus underground ; donc ils nous ont fait confiance depuis
le départ. On est totalement autonome sur tout le projet. C'est
pour ça, les majors, ça a du mauvais... c'est clair, mais
tu peux tomber aussi sur des mecs qui sont assez ouvert, qui savent te
faire confiance et à partir de là tout roule. On a eu de
la chance."
Est-ce que les 4 albums
précédents avec Treponem ont contribué à la
confiance qu'ils vous ont accordés?
Marco :
"Bah... Dans l'organisation! Parce qu'on est hyper carré,
et ça c'est quelque chose qu'ils aiment bien. On est clair, on
travaille qu'avec des gens clairs, c'est un des trucs les plus important
pour nous. On travaille avec des gens qui ont vraiment envie de s'éclater
avant tout, de bien triper, d'être bien ensemble, de travailler
ensemble, de gagner de l'argent ensemble, d'évoluer ensemble en
faisant un truc qui leur plait.
Mais ouais! ça a contribué dans un sens, et en même
temps quand je suis allé voir le boss la première fois et
que je lui ai dit "ben voilà Treponem Pal j'en ai vraiment
plein le cul, j'ai plus envie de faire ça, maintenant je fais ça".
Il a écouté, et il a halluciné ; il m'a dit "c'est
incroyable, c'est plus vous du tout". Il hallucinait parce qu'on
passait tellement vite dans l'autre truc, alors qu'il n'y a rien d'extraordinaire
en réalité, c'est simplement savoir jouer une musique, savoir
en jouer une autre et sentir les choses, en définitive il nous
a quand même donné carte blanche."
Finalement même
si c'était un nouveau son par rapport à Treponem ça
faisait quand même déjà un moment que vous étiez
dans la place.
Marco : Ouais,
on a fait House of Dub à l'élysée Montmartre,
puis Dub Action,ça fait 6 ans que ça dure. Moi, ça
m'a permis d'évoluer en essayant des nouveaux trucs au chant dans
les sounds system, mais on ne se prend par pour des Jamaïcains, on
reste avant tout nous même, c'est à dire que moi avant tout
j'ai une voix, une façon de chanter qui n'a rien de reggae, j'ai
une voix qui se rapproche plus du harcore, mais j'en ai rien à foutre,
c'est moi, j'envoie mon truc. Le plus important pour moi c'est de voir des
gens, des groupes qui font leur truc à eux, avec leur personnalité,
plutôt que de voir des groupes qui font style jamaïcain, ça
m'intéresse pas, les Jamaïcains le font bien. Donc je préfère
voir des gens qui font leurs propres trucs, avec une touche de jamaïcain,
c'est ce qu'on a fait sur l'album. Adrian (Sherwood)
nous a fait travailler avec Bob Lors qui travaille avec ASWAD ou
avec Raggasonic et plein de Jamaïcains. bon! pour nous c'était
une expérience terrible; mais en même temps la couleur de l'album
est personnelle, c'est pourquoi on a mis ce truc : Massive Reggae Urbain
Tu
définis donc votre style comme du reggae
urbain ?
Marco :
Ouais plutôt, parce qu'on vient de la ville, puis ce qu'on faisait
avant, ce côté indus, assez bruillant, on l'a gardé
sur l'album ; il y a des trucs de guitare, des sons samplés qui
restent assez chelou, assez durs, et qui donne une ambience assez forte
à la musique, que certain supporteront et aimeront, et que d'autres
ne supporteront pas ; mais qu'importe, l'intensité elle est là.
Aussi ce qu'il y a de vraiment important pour nous c'est la scène,
sur scène c'est vraiment le poing dans la gueule.
Donc votre nom caractérise
bien votre démarche?
Marco :
Ouais
En dehors d'Adrian, vous
avez aussi collaboré avec pas mal d'autres artistes sur l'album
Marco :Baby G on le connait depuis longtemps par notre Sound System, puis
c'est un mec qui a un état d'esprit très bien, qui ne se
laisse pas influencer par toute la "smala reggae" ; lui il va
de l'avant, il cherche pas à savoir si ça c'est vraiment
Roots, il y va, il a envie d'essayer des trucs neufs. Ce qu'on fait comme
son il avait jamais essayé, et là ça l'éclate.
Après, il y a l'équipe de ON U Sound : Ghetto
Priest, Akabu, Bob Lors, il y aussi Alan Glen
qui a fait l'harmonica, lui en fait, c'est un mec des années 60,
parce qu'il jouait dans les Yarbirds, c'est un groupe qui était
à la base de Led Zepellin, et ce gars joue sur tous les albums
de reggae d'Adrian, il a joué avec Junior Delgado, Dub Syndicate
et ça donne une touche assez inhabituelle.
Comment ce sont
passés les quelques concerts que vous avez donnés depuis
la sortie de l'album?
Marco
: Pour l'instant on en a fait 7 ; dans 2 il n'y avait personne,
parce que c'est clair, c'est plus Treponem Pal, donc l'ancien public ne
va pas suivre à 100%, c'est normal, c'est tellement différent.
On en a aussi fait 5 autres, où il y avait 200 à 300 personnes,
on a cartonné.
Il y a quand même
une partie du public de Treponem qui vous suit ?
Marco :
ouais ouais c'est clair, je vois les Tshirts des mecs, ça trompe
pas, je vois bien aux gueules des mecs dans quel style ils sont, puis
le public reggae, tu le reconnais aussi parce que c'est un public super
jeune. Donc on a un public assez batard, et moi ça me va parce
que j'estime que ce qu'on fait c'est batard.
Batard?
Marco :
J'aime bien le terme batard parce que j'aime bien les mélanges
de styles, ce que la grande masse en général n'aime pas.
J'aime bien mélanger les différentes intensités.
Ca donne
une intensité provocatrice ?
Marco
: Si tu veux... On garde un côté punk de toute
façon, et on va pas le lacher c'est clair. D'ailleurs à
l'avenir on risque de faire des morceaux un peu du style des Bald winds,
c'est un groupe black de hardcore reggae, c'est à dire que c'est
un groupe qui dans ses concerts, t'envoie un morceau de hardcore à
te décoiffer la tête, et d'un seul coup tout retombe et ça
joue reggae ; à l'avenir je crois qu'on risque de faire 2, 3 morceaux
comme ça, assez hardcore, ce qui fera un peu respirer, plutôt
que de rester tout le temps dans le skank
donc
vous êtes déjà entrain de sciencer un futur album?
Marco
: Ouais on voit à peu prêt ce qu'on pourrait faire
; il y aura plus de ragga hiphop aussi, puisque c'est pas trop exploité,
puis j'adore le hiphop, mais pareil le mélanger un peu au reggae,
avec des guitares un peu Heavy, faire notre sauce et que ça reste
bien personnel. C'est pas grâve de ne pas vendre, on veut triper
et faire triper les gens, comme un gros joint, tu vois ils viennent, ils
le prennent bien ou ils le prennent mal, mais en tous cas ils se rappellent
du truc qu'ils ont entendu.
Est-ce que êtes
toujours impliqués dans Hamerbass, dans Dub Action? Marco : Oui, c'est un collectif,
puis on est beaucoup. Bon! là on est 7 dans le groupe, mais en
tout, avec les Djins, on est 20.
Est-ce
que tu as autre chose à rajouter Marco?
Marco
: Que les gens essayent
de rester l'esprit ouvert, qu'ils s'ouvrent au maximum à ce qui
se passe autour d'eux, que ce soit la musique, que ce soit social, ou
que ce soit de la tolérance.
Nous la façon dont on fonctionne, c'est qu'on est extrêment
tolérant, on aime les gens qui sont tolérants, et quand
je parle de tolérance, je parle autant de l'homosexualité
par exemple, tout ces trucs là qui dans le reggae sont bien souvent
baffoués, et ça c'est un truc que je n'accepte pas du tout,
même si je suis un fan de reggae, je n'accepte pas du tout ; tout
le truc bobo dread ça me dit quelque chose de fort, mais ils ont
un discours qui pour moi n'est pas clair, et il y a certain artistes que
je ne joue jamais dans le sound system. Donc la tolérance, et en
tous cas, l'intolérance pour les intolérants, c'est comme
ça qu'on a fonctionné avec Dub Action, avec le groupe ;
les gens qui ne sont pas tolérants n'ont aucune place avec nous.
Puis bon ! un message un peu généraliste, aller de l'avant,
ne pas se laisser dominer par les problèmes ou les mauvaises influences,
parce que ça c'est un truc, particulièrement dans la musique,
qui est très très présent.
Marco
(Elephant System) / Rubenxela (Jahmusik).
Big up au Dub Action Crew, Hamerbass posse, Daddy Jm.