Tiken,
maître du verbe est certainement l'artiste le plus engagé
de sa génération, et ça faisait un moment
que l'Afrique attendait une voix, une voix suffisamment sincère
et humble pour franchir les frontières. Tiken est cette
voix, et après 5 albums qui enflammeront tous les postes
à cassettes d'Afrique et le feront plus que remarquer
en Europe, il sort l'album de la consécration Françafrique,
enregistré en Jamaïque dans les studios Tuff
Gong auprès de Sly & Robbie.
3 mois après la sortie de l'album nous pouvons constater
que son impact est indéniable. Tiken est partout, sur
toutes les radios, dans tous les magazines, à la TV même
; il porte réellement un message en lui , et plus que
celui d'une génération, c'est celui d'un continent
tout entier. Tiken est de ceux qui n'ont pas froid aux yeux
et portent hauts le verbe à la manière des grands
griots africains. Il ose la stigmatisation des dérives
autocratiques des politiques, une colère "lucide"
dans le monde du reggae, et dans le monde de la musique en général.
C'est
à Montpellier que nous l'avons rencontré le 10
février pour cette interview , quelques jours avant la
sortie de Françafrique. Fidèle à lui même,
Tiken aime partager des moments, échanger des idées
et expliquer les siennes . Vous allez alors pouvoir découvrir
ses origines, sont parcours, ses idées, Tiken est véritablement
un grand homme, et on risque de continuer à pas mal entendre
parler de lui les temps à venir.
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TikenJah Fakoli : Je suis
né en 1968 à Hodiéné, c'est
une ville qui est située au Nord Ouest
de la côte
d'ivoire, à 950 km d'Abidjan et cette ville fait
frontière avec le Mali et la Guinée.
Mes parents étaient d'abord des forgerons, ensuite
ils sont devenus cultivateurs, et ont fait un peu de
commerce. C'est à cette occasion que j'ai effectué
mon tout premier voyage au Mali. En fait, mon père
allait acheter le mouton à la veille de la fête
de la tabaski au Mali, et venait le revendre en Côte
d'Ivoire. Pendant les vacances je lui donnais un coup
de main. Et puis bon ! finalement le commerce n'a pas
marché, donc ils sont retournés à
l'agriculture, et chaque weekend j'allais aux champs.
Je suis né dans une grande famille, on était
14 enfants, et comme tout bon africain de l'époque,
mon père avait deux galons, deux femmes je veux
dire. C'était une famille polygame où
on était plusieurs enfants avec deux mères
différentes. Il y avait
beaucoup de choses dailleurs qui ont fait que j'ai commencé
à me révolter très tôt.
parce qu'y avait un tout petit manque de justice, un
petit manque d'équilibre tu vois. Voilà
donc un peu comment les choses se sont passées
Et
quand est ce que le reggae est apparu dans ta vie ?
Le
reggae c'était en 77. Mais ma
première passion c'était la danse.
D'abord dans la ville où je suis né, j'aimais
beaucoup aller danser, à chaque fois le soir
quand je finissais de manger, au lieu d'aller étudier
je préférais allais danser. Et un jour
mon père m'a dit : "Si à la fin de l'année les résultats
sont pas cool, enfin positif, je t'expédie au
village." Donc, puisque je n'étudiais
pas, je ne pouvais pas m'attendre à autre chose,
et il a fait ce qu'il avait dit, il m'a expédié
au village.
Là bas, comme je venais d'une grande ville, j'étais
un peu à la mode, et je me suis vite fait remarquer.
Quand je commençais à danser, je voyais
tout le monde s'arrêter pour me regarder , ils
me prenaient pour un extra terrestre. J'aimais pas ça,
parce que même ma cavalière s'arrêtait
quoi ! Par contre ce que j'ai remarqué, c'est
que quand il s'agissait de reggae chacun se tirait de
son côté et les gens s'en foutaient de
moi. Donc là j'ai arrêté de danser
sur les autres musiques et j'ai commencé à
ne danser que sur du reggae. Et c'est là que
j'ai commencé à écouter Burning
Spear, U Roy, Bob Marley.....
Ensuite c'est les grands frères transporteurs
qui m'ont fait découvrir plus, grâce à
des cassettes.
Mais bon ! au début c'était plus pour
la musique car je ne comprenais pas l'anglais. Puis
dès que je rencontrais quelqu'un qui savait dire
"Good Morning" je ne le lachais plus,
pour qu'il m'explique les textes des sons reggae. Et
c'est ainsi que j'ai appris que les gars défendaient
tous ceux qui étaient victimes d'injustice, et
puis ils parlaient un peu des enfants des ghettos, et
de la Jamaïque, il y avait telle souffrance et
ainsi de suite... J'ai alors commencé à
m'intéresser de plus en plus à la chanson,
mais c'est resté longtemps comme un rêve
pour moi, parce que je ne pouvais pas chanter anglais.
Puis en 1981 Alpha Blondy a sorti son premier
album, et c'est là que je me suis dis "pourquoi
pas moi?". Donc j'ai commencé à composer
des chansons, mais c'était difficile parce que
mon père c'était un grand musulman, et
chez nous, entre la coutume et la religion, c'est très
mal vu de chanter, ils disent que celui qui chante quand
il va mourir il va aller en enfer, c'était très
très mal vu tu vois .
Puis mon père est décédé
en 87. A la suite de ça j'ai du arrêter
l'école, et j'ai fait du commerce pendant deux
ans environ avec mon frère; et en 89 j'ai formé
mon premier groupe à Hodiéné. On
a trouvé des professeurs, tous ceux qui touchaient
un instrument quoi, on les a rassemblés et on
a formé le groupe. On répétait
tous les jours.
Donc
les gars avec qui tu répétais c'étaient
les Djelys ?
Ouais, et au début on avait rien, s'était
que de la récup. On a répété
presque deux ans, de 89 à 91,parce qu'on n'était
pas près pour faire un concert.
D'ailleurs
on n'avait aucune sono dans la ville. Un jour j'ai rencontré
un monsieur qui me dit " Venez chez moi, moi
j'ai des amplis, pour ma chaîne. Donc je peux
avec ça, comme je fais des bricoles, je peux
vous brancher le tout, vous pouvez faire un concert.
" Donc un a fait un essai chez lui à
la maison, et ça sonnait dans son salon. Il nous
restait maintenant à nous organiser pour le concert.
Donc j'ai pris ma photo, je l'ai mis sur une feuille,
j'ai fais des photocopies, et j'ai écris mon
nom, Tiken Jah Fakoky et les djelys en concert.
Ca a eu lieu le 27 août 1991, la salle était
bourrée de curieux parce que c'était le
premier concert. Tous ceux qui étaient venue
ce jour là c'était pour voir ce qu'on
savait faire. Et je crois qu'on a fait un bon concert.
On a continué à travailler et à
jouer de plus en plus, et en 1993; on a trouvé
un producteur , et le premier album est sorti.
Ce
premier album n'a pas été censuré
par Houphouet Boigny ?
Non,
en fait ils n'a pas été censuré, parce
que Boigny malheureusement a choisi ce moment là pour
mourir. Quand il est mort, y a eu trois mois de deuil national,
pas de télé, de la musique religieuse a la télé
et la radio. Pour nous artistes qui n'étions pas du
tout connu, c'était pas évident. Je pense que
c'est la mort de Boigny qui a surtout noyé le premier
album.
C'était
"Djelys" ?
Il
s'appelait Djelys effectivement,
et le deuxième album en 94 qui s'appelait Missiri,
le troisième album début 97, mangercratie.
C'est ce dernier
qui m'a fait connaître du grand public, d'abord en Côte
d'Ivoire puis dans certains pays d'Afrique. Il m'a permis
d'avoir une maison de disque ici en France. Après j'ai
classé court d'histoire
en 99, qui a été bien aussi, et en 2000 j'ai
sorti un album en Côte d'Ivoire qui s'appelle caméléon.
Il n'est jamais sorti ici en France, c'était pour attaquer
les militaires au pouvoir.
C'est
dommage qu'il ne soit pas sorti ici, il est vraiment très
bien cet album, il n'y a vraiment rien qui va sortir ?
Si
si, déjà on a mis quelques titres dans Françafrique.
Et le prochain album il y en aura d'autres. Mais en fait l'album
je l'ai sorti dans un but bien précis tu vois. Les
militaires ils se sont engagés et comme ils voulaient
jouer au con il fallait sortir un truc pour les accompagner.
Donc c'était ça, et donc en fait on ne pouvait
plus sortir cet album puisqu'il n'était plus d'actualité.
Mais je pense que cet album a vraiment affaibli le pouvoir
; les gens ont commencé à écouter ça
un peu de partout et j'ai eu chaud mais voilà, je ne
regrette pas du tout.
Est-ce
que tu as subi des pressions de la part du pouvoir ?
Bien
sur. En fait après le coup d'état, j'ai reçu
des jeunes militaires à la maison, j'étais en
contact avec eux car ils aimaient beaucoup le reggae, mais
ils faisaient quand même partie de la garde rapprochée
du général Guai. Donc à chaque fois que
l'on voulait préparer un coup ou que l'on voulait créer
des problèmes avec Tiken Jah, et à chaque fois
que l'on parlait beaucoup de moi à la présidence,
mes amis m'appelaient pour me dire : "yo ! Tu ne dors pas à la maison aujourd'hui"
Quand c'était vraiment chaud, ils me disaient de quitter
le pays. Il m'est arrivé de faire deux semaines au
Burkina, et un moment d'aller faire dix jours au Mali. Quand
on m'oubliait un petit peu je rentrais par la route , parce
que si je passais par l'aéroport on pouvait savoir
que j'étais rentré. Donc y a eu des moments
assez difficiles comme ça, mais que je ne regrette
pas du tout, parce que ça se voit aujourd'hui que c'est
moi qui ai eu raison.
Penses-tu qu'aujourd'hui la prise de
conscience des jeunes, en Europe ou en Afrique, augmente ?
En
Europe cela commence, mais en Afrique y a encore beaucoup
de boulot, parce qu'y a un manque d'information. On a encore
beaucoup de dictateurs malheureusement au pouvoir, et donc
les chaînes d'Etat, les médias d'Etat sont pris
en otage. On ne dit pas les choses comme il faut, et donc
quand c'est ainsi c'est difficile.
Je me suis vite rendu compte qu'il y a un manque d'information
; Ils ne savent pas. Ils confondent un peu le système
français et ils disent que tout le monde est comme
ça. Donc je pense qu'en Afrique y a encore beaucoup
de boulot à faire. Pour les Africains, y a pas de blanc
pauvre, y a pas de blanc fou, parce que depuis la colonisation,
Y a un manque d'information, et on a l'impression qu'il y
a toujours une supériorité.
Je me suis dis qu'il fallait des gens pour dire les choses,
ça fait partie du combat de la musique reggae.
Toi
tu as un nom, une voie, de l'argent peut être, est ce
que tu es près à aller plus loin, par exemple
à créer un parti. Est ce que tu pourrais franchir
le cap ?
Non
je ne pense pas, je n'ai jamais mis ça dans mon programme.
Mon rôle à moi,
en
tant qu'artiste, c'est ce que je fais aujourd'hui, car c'est
bien beau de critiquer mais il faut proposer des solutions.
Tu vois, je peux proposer des solutions, mais à aucun
moment je n'ai envie de créer un parti politique ou
de m'intéresser à un poste politique ou quoi.
j'ai toujours refuser de cautionner un parti politique. Contrairement
à ce que l'on fait croire souvent j'ai toujours dis
que je ne cautionnerai jamais de partis politiques, mais si
je sens qu'un parti d'opposition est victime d'injustice,
je n'irais pas jusqu'à marcher avec eux, les gens ils
vont se ressentir un peu dans mon message, mais c'est ce qui
s'est passé, le RDL de M. Alasan Watara, a cru que
j'étais dans leur parti, que j'étais avec eux.
Mais non, ça ne m'a jamais intéressé,
je pense que mon rôle c'est d'éveiller les
consciences, d'éduquer et d'informer, c'est ce
que je dois faire quoi. mais il ne s'agit pas de critiquer.
Chaque fois que j'ai l'occasion de proposer je propose.Et
puis je ne suis pas le seul, il y a Alpha Blondy...
on est nombreux . Et ce n'est pas seulement les artistes,
y a beaucoup de bonnes volontés, y a des journalistes,
des associations comme Survie, qui contribue à
informer, je pense que ça c'est un autre rôle,
et le chemin il est long, mais on va y arriver.
Donc
le reggae c'est pour toi un réel moyen de contre pouvoir,
en Côte d'Ivoire et ici aussi, mais est ce qu'il y a
un autre combat qui serait plus spirituel, par rapport au
mouvement rasta.
Par
rapport au mouvement rasta je dis, celui qui aime son prochain,
qui combat l'injustice est un rasta. Qu'il soit blanc, noir,
jaune ou rouge. Quand on me dit que Haile Selassie I est un
dieu parce qu'il a des pouvoirs mystiques moi je connais
chez moi des gens qui ont des pouvoirs mystiques et qui ne
peuvent pas être des dieux.
Mais je respecte le fait que mes frères jamaïcains
le disent parce qu'effectivement se sont des gens qui ont
été déportés d'un continent à
un autre, et qui n'ont pas forcement vu ce que j'ai vu. Pour
moi le rastafarisme est plus un mode de pensée, qu'une
religion.
Ce qui est dommage dans le mouvement rasta, c'est qu'en ce
moment il commence à devenir un peu violent en Jamaïque.
Ils cherchent à tuer les homos par exemple. C'est pourquoi
il ne faut pas s'éloigner de la racine. Quand on
parle de Love, ça doit être un Love général.
Passez la souris
sur l'image pour connaitre le tracklisting
Ton
reggae est fièrement militant comme il l'était
au début en Jamaïque, est ce que tu associes le
mouvement reggae jamaïcain à celui que tu pratiques
?
Je
pense que c'est différent, mais cela ne m'étonne
pas. Je pense que c'est aujourd'hui une prophétie de
Bob Marley qui est en train de se concrétiser. Bob
Marley avait dit à un moment, " le reggae
va retourner à sa source " et c'est ce qui
se fait aujourd'hui. Quand vous écoutez notre son aujourd'hui,
vous verrez que nous on fait du son des années 70/80,
et que les Jamaïcains aujourd'hui sont dans le Dancehall.
Donc je pense que c'est différent mais que ça
ne m'étonne pas. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai souhaitais
travailler en collaboration avec des vrais jamaïcains.
Le but c'était vraiment de créer un pont entre
la
Jamaïque
et l'Afrique. C'est ainsi que j'ai bossé avec des gens
comme U Roy qui sont toujours roots, j'ai aussi bossé
avec Antony B qui n'est pas forcement dans le roots
mais on discutait, je lui ai expliqué la chanson, il
a dit qu'il était dans le même combat donc c'est
ainsi qu'on a fait le duo ensemble. Donc c'est vrai qu'aujourd'hui
c'est différent, mais de toute façon, ce sont
des jeunes qui vont revenir au roots.
Chez
Barclay ils n'ont pas peur de ton message?
Dès
le début on a été très clair,
je leur ai dit que j'ai un message et que c'est celui-ci
qui fait Tiken Jah.
Avant que je chante le titre mangercratie, il y avait
des artistes engagés, mais les gens ne dépassaient
pas les proverbes ; et le fait que je sois venu m'adresser
directement aux hommes politique, ça réveille
les gens. Je pense que dans ma musique le message compte beaucoup
et j'ai dis à ma maison de disque que j'ai vraiment
l'intention de rester Tiken Jah. Le jour où on me fait
changer de chemin je vais bouger. Donc on a été
clair et on a signé.
Je pense que le fait que le mouvement s'ouvre petit à
petit comme ça, ça encourage les jeunes à
aller un peu plus loin et donc je pense que ça va
aller tout doucement mais qu'on va y arriver. Au bout d'un
moment le mouvement va se lancer.
Passez la
souris sur l'image
Cette
année tu as sorti ton album Françafrique
chez Barclay, mais on t'a aussi
vu apparaître sur une production IVOIR
Sound System, peux-tu nous
parler de cette structure ?
Pour
moi c'est cool, parce que je pense que grâce à
Ivoir sound system les Français sauront
qu'il y a un mouvement qui existe en Côte d'Ivoire,
même si les jeunes ne sont pas connus.
Et c'est ce qui a était reproché aux aînés.
Ils ont rarement parlé de la nouvelle génération.
On en entend pas parler dans leur interview.
Sinon, je produis un jeune au Burkina, et la dernière
fois, je joué la cassette du gosse à Barclay
; j'ai vraiment l'intention de faire signer le gars
ici.
On
dit souvent que la piraterie est un gros problème pour
la musique en Afrique, qu'est ce que tu penses de ça
?
Tant
que les pirates n'ont pas sorti les albums le 1er jour ou
avant la sortie, moi ceci ne me dérange pas vraiment.
Parce que j'avoue que dans des pays comme au Mali, s'il n'y
avait pas eu les pirates je ne serais pas connu du tout. Parce
que je n'avais pas signé Mangercratie au Mali et
grâce aux pirates le Mali a connu cet album. Donc
tant que les structures réelles ne sont pas mises en
place et que l'on a pas fini avec la corruption, il ne faut
pas en vouloir aux pirates.
Le piratage c'est un manque à gagner, mais le message
passe et c'est important.
Tout à l'heure tu disais que tu étais surpris
de l'impact que ta musique avait eu dans d'autres pays africains,
j'imagine en France et puis ailleurs aussi. Finalement après
dix ans de recul, tu as rencontré tes idoles, tu as
joué avec eux, finalement tu es un haut-parleur et
tu l'assumes puisque tu es là, comment tu vis tous
ça, et jusqu'où ça va aller ?
Je
suis resté le même Tiken Jah depuis le départ.
Je pense que tu ne peux pas être dans un combat comme
ça et jouer la star, être supérieur aux
gens. Pour moi rien n'a changé, et je suis très
heureux que ça se passe comme ça.
Mais tu es quand même conscient que de toutes façons
ça avance vite pour toi ?
Ouais
Je suis conscient. C'est cool quoi ! Je remercie tous ceux
qui ont permis ce que je suis devenu, mais je reste le petit
Tiken Jah, le petit Moussa. Et je pense que cette modestie
m'a apporté beaucoup, m'a ouvert beaucoup de portes.
Et tous les jours qui passent ça me paye.
Et
quand tu vois ce que le succès a fait à des
tas de gens ça te fait pas peur ?
Je
me bas tous les jours, et même si je voulais me la jouer
star, mon éducation m'en empêcherait.
Tiken
jah / Rubenxela, Juman pour Jahmusik.net - 02/2002