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TAFFARI est un des principaux artistes représentant le renouveau culturel dans la musique jamaicaine actuelle. Avec une voix entre Bushman, Luciano et Everton Blender, cet artiste a surtout fait parler de lui depuis la sortie de quelques 45 tours sur le label 321 Strong, comme " Rough & Tuff " et " Smile ", et depuis quelques temps, grâce aux talents des producteurs Fattis Burell et Soljie Hamilton.

Le timbre mystique de sa voix et la qualité de ses mélodies en font un des principaux espoirs du reggae culturel pour l'année 2002. Nous l'avons rencontré lors de sa première venue en Europe, où il effectue actuellement une tournée marathon pendant 2 mois.
Dread Lion : Où et quand ta carrière a t-elle débuté ?

TAFFARI : Elle a débuté à la campagne, dans le district Bagnol Spring dans la paroisse de St. Mary où j'ai grandi.
A l'age de 16 ans, je suis parti pour Kingston car un ami à moi qui s'appelait Lanny était gérant dans un hôtel et également producteur à ses heures perdus. Il avait grandi avec moi à St Mary. La première chanson que j'ai enregistré, c'était d'ailleurs lui qui l'a produite, c'était en 1988 et la chanson s'appelait 'Nice girl'. Puis en 1990, j'ai rencontré Phillip 'Fattis' Burrell, producteur du label X-terminator, pour lequel j'ai enregistré une reprise du hit de Millie Small's 'My Boy Lollipop'. J'ai enregistré ensuite pendant les années suivantes pour différents producteurs une série de titres, mais la majorité ne sont pas sortis ou sortis sans que je le sache. Mais c'est uniquement en 1997 lorsque j'ai commencé à enregistrer pour le Label 321 Strong que les choses ont vraiment démarré pour moi.



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Depuis quand portes-tu le nom Taffari ?

Mon premier nom d'artiste était Singing Bird. C'est sous ce nom d'ailleurs que mes premières chansons sont sorties. J'ai changé en 1997 lorsque j'ai commencé à enregistrer pour 321 Strong. Il correspond aussi au développement de ma foi rasta. En tant que Singing Bird, je chantais plutôt pour les filles. Mais je me suis rendu compte que ma musique devait atteindre un autre niveau spirituel, qu'en tant que chanteur, j'avais une mission à accomplir voyant tant de misère et de souffrance autour de moi, je me suis dit que mes chansons devaient être porteuse d'un message sérieux et fort afin de pouvoir donner du réconfort au gens qui souffrent, et également éduquer les générations à venir. Car la musique est une école pour les jeunes de la rue, ils ne lisent pas de livres, mais ils écoutent tous de la musique.

Taffari semble être un nom qui fait référence à la philosophie rasta. Quelle est ta conception de cette philosophie

Rasta est synonyme d'amour. Tu n'as pas besoin de porter des locks, si ton cœur est pur.
Je suis parfaitement d'accord avec la chanson de Morgan Heritage " Don't haffi dread ", même si cela a vexé certaines personnes. Peu importe de quelle coleur tu es, de quelle confédération tu es, que ce soit les Twelve Tribe ou les Bobo Dread, si c'est l'amour qui te guide alors tu es rasta.


En Jamaique actuellement, le sommet des 'charts' est occupé par des chansons qui n'ont pas grand chose en commun avec la philosophie rasta, les thèmes se rapportent au sexe et aux grosses voitures. Que penses tu de cette évolution ?

Je trouve cela très dommage et vraiment déplorable. Les artistes devraient se rendre compte qu'ils ont une lourde responsabilité quant au message qu'ils délivrent aux gens.
Certains DJ ne cherchent que le succès rapide et imitent ce qu'ils voient aux Etats Unis dans les clips video des rappers, ils en oublient leur propre culture. En fait, il ne sont que des marionnettes du système.

Si nous voulons en Jamaique que notre musique garde une vibes positives, ils nous faut d'abord faire le ménage chez nous, dans le business de la musique. Il y a grand manque de créativité, 15 artistes sur le même riddim, toutes les productions se ressemblent, les textes s'appauvrissent. Si avec un texte fait en deux minutes tu peux être N°1 dans les charts ! les Dj pensent 'pourquoi te donner de la peine pour les lyrics, si ca marche ?'
Les producteurs sont également responsable de cette évolution, car eux aussi recherchent le succès commercial et ne s'investissent pas dans des musiques positives. Mais heureusement il reste des gens qui ont la foi et travaillent différemment.

Retournons à ta carrière, qui est l'artiste qui t'a le plus influencé ? est ce que tu as eu un mentor ?

Je n'ai jamais vraiment eu de mentor, quelqu'un qui m'a soutenu, j'ai du me battre tout seul. Avec des moments très dur, mais je n'ai jamais perdu l'espoir. Quant à mes influences, elles ont été multiples. Il y a eu Bob Marley, puis il y a eu Garnett Silk, puis ensuite Luciano, à chaque fois qu'un de ces artistes s'élevait, il me donnait la force de continuer et me motivait spirituellement.

Quel a été ton premier hit ?

En terme de succès commercial, cela a été 'Smile' pour le label 321 Strong, mais en terme de reconnaissance dans le milieu musical, cela a certainement été 'One Love' pour le label Ovadoze Music. Mais toute mes chansons je les considèrent comme bonne, car je suis très regardant sur les chansons que je sors en disque. Je ne sors la chanson que si je suis 100% satisfait du résultat. C'est pour cela que je suis moins présent que d'autres dans le milieu, mais c'est surtout du à mon exigence artistique.

Tu as fondé un label fin 1999, nommé AL.TA.FA.AN

C'est un label que nous avons fondé à plusieurs, le nom est composé des initiales de nos noms :
AL- (Anthony AL Graham) TA- (Taffari) FA- (Fabian) AN- (Anthony Senior).
Nous avons commencé petit à petit. Pour commencer, nous avions un riddim produit par Soljie Hamilton, nous avons d'abord motivé Pinchers à se poser dessus et cela a donné la chanson 'Heart of stone'. Ensuite Mickey General a suivi et a fait le titre 'Love Chant'. Mais tout cela a pris beaucoup de temps car au niveau financier, le label avait peu de moyens et nous ne pouvions pas payer pour mettre certaines harmonies sur les chansons, car nous voulions des chansons de très bonne qualité, pas des productions vites faites qui se noierait dans la masse des autres sorties.
J'ai sorti plusieurs très bonnes chansons comme 'Shouldn't Dis The Giver' ou 'Be Merciful' sur ce label depuis, et je prévois de sortir un album prochainement, regroupant toutes ces chansons. Elles sont toutes uniques, dans le sens que chaque riddim a été composé spécialement pour la chanson.

C'est la première fois que tu viens en Europe. Quelle est la différence avec la Jamaique au niveau du public ?

Ici les gens prennent le temps d'écouter tes chansons. En Jamaique, tu as tellement d'artistes, que tu es jugé dès les premières secondes d'une chanson, et tu dois faire une grosse impression dès les premières notes afin d'avoir une chance, sortir du lot immédiatement. Aussi, comme il y a beaucoup de concurrence, les gens n'ont pas la patience d'écouter les chansons jusqu'au bout.
Dans les sound system, c'est la même chose, les selecters 'pull up' les chansons au bout de 15 secondes, les gens n'ont pas la chance d'écouter tes paroles. C'est pour cela que je n'aime plus tellement aller dans les dancehalls.


Pour terminer, un petit message pour les lecteurs de Jahmusik ?

I would say just live and love, 'cause love is the ultimate! Rastafari.

Taffari / Dread Lion du King Fari Sound System for Jahmusik.net

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