Fatta : Moi j'ai commencé à faire des petites soirées en 1995 pour des potes, puis après j'ai commencé à travailler avec des frêres. Ensuite, je suis parti habiter aux antilles et j'ai fait quelques soirées là bas. Quand je suis revenu en France, j'ai retrouvé les gars avec qui j'étais avant de partir... et ils ne bossaient pas!
A cette époque on s'est rencontré avec Rico ; on parlait musique, puis on s'est apperçu qu'on était compémentaire, parce qu'il était big dans les sons des années 90 et moi j'avais pas trop ça, j'avais plutôt des disques oldies. Du coup, 10 jours après qu'on se soit rencontré on a fait une soirée au bar de France (Paris), ensuite on a fait une date à l'Eurobar, et en fait à peine 2 mois après avoir commencé on a rencontré un promoteur Espagnol qui était sur Paris et qui kiffait notre son, il nous a invité à venir jouer une semaine en Espagne à Madrid. Ensuite on a enchainé différentes soirées à Massena, à l'espace des peupliers, au Divan du monde, Confluence ...

Et toi Rico comment tu en es venu au reggae?

Rico : Au début j'achetais des disques, puis comme Fatta je jouais quelques disques à droite à gauche, plus pour le plaisir, et un jour on m'a demandé de remplacer un DJ dans une soirée, mon travail à plu et je suis resté ; c'était au début de l'année 1995. Avant j'ai aussi travaillé avec un autre crew qui n'existe plus aujourd'hui, les African Soldier (Moses P, Maxwell, Koffi...) mais j'ai pas accroché à fond donc j'ai travaillé tout seul à peu prêt 3 ans et demi, en invitant des gens, et ensuite on s'est rencontré avec Fatta, je bossais à Patate (Records) à l'époque. Fatta travaillait avec un Sound, Justice Tonight, et il venait à Patate acheter des disques. Donc il m'a dit qu'il avait un petit endroit pour jouer, puis il avait un peu entendu parler de moi, donc on a fait cette soirée. Après il m'a reproposé de jouer, mais à cette époque, je venais comme invité de Justice Tonight

Comment est venu le nom du Sound : SOUL STEREO

Rico : "STEREO" c'était choisit...
Fatta : En fait on est 2 selecteurs, lui il est droitier, moi je suis gaucher, donc STEREO, droite gauche ; et SOUL, parce que la musique qu'on joue vient de là un peu
Rico : C'est de la Soul Jamaïcaine
Fatta : Puis on s'est renseigné, parce que des Sound System ayant le nom de SOUL ou de STEREO...
Rico : Il y en a 30 milliards, y'a Soul Black, Soul Power, Black Soul, Soul to Soul, Soul Xpress... après des STEREO, tu as en a plein aussi...
Fatta : Donc on voulait un nom qui nous corresponde aussi, Old Fashion, à l'ancienne.
Rico : On a pas voulu faire l'erreur de certain de prendre un nom pas prononçable par exemple, parce qu'à l'époque on pensait déjà au Dubplates, et un nom imprononçable par un artiste c'est chaud, puis SOUL STEREO c'est bon, tu vois "Fatta et Rico" Soul Stereo. Ton nom une fois que tu l'as, il te colle à la peau, alors il faut trouver un nom sérieux, ne serait-ce que pour les Dubplates. Si tu prends le nom d'un titre de chanson, comme Bababoom admettons, c'est un de nos frêre, Sniper, son Sound s'appelle Bababoom, il y a 2 sounds allemands et un sound italien qui ont le même nom, ça peut prêter à confusion, et c'est pareil pour pas mal de Sound qui ont des noms de chansons (One Love...) ; moi je sais que le jour où je vois un autre son qui s'appelle Soul Stereo, je vais sur eux (Clash)

Comment en êtes vous venu aux plates?

Fatta : En fait dès le départ on a pas fait de Plates dans l'optique de Clash, c'était plutôt en se disant qu'avec des Plates ça serait plus facile pour que des gens nous invitent et aussi retiennent notre nom.
Rico : Déjà Dubplate c'est synonyme de travail, maintenant ça peut aussi être synonyme d'argent pour certaine personnes, parce qu'il investissent de l'argent dans les dubplates avant d'avoir pris de l'argent avec le son. Nous ce n'est pas notre optique, s'il n'y a pas d'argent qui rentre dans Soul Stereo, on fera pas de Dubplates. Maintenant faire des Dubplates c'est aussi un choix, parce qu'on aurait pu décider d'investir dans un système, une sono ; nous pour le moment on a choisi de s'investir pour faire une promotion de notre nom, et se faire un genre de carte de visite en Europe, parce que en Europe tu peux pas jouer sérieusement avec d'autres Sound System si tu n'as pas de Dubplates, parce que le niveau est tout petit en France comparé à d'autres pays qui ont un très bon niveau. Pour Soul stereo, plus on travaille, plus on a de dubplates ; mais c'est pas non plus ce qui nous fait avancer, quand on en aura assez.... là on estime que sur certains trucs on commence à être bien, donc on étudie et on analyse ce qu'on va enregistrer, on n'enregistre pas n'importe quel artiste ,tout est réfléchi, on veut aussi perdre le minimum d'argent

Comment ça ce passe le choix des riddims, des artistes?
Rico : Quand Fatta part en Jamaïque, il ammène des riddims, tout est déjà préparé avec les artistes à l'avance, même s'il arrive toujours d'en rencontrer aussi sur place ; on le fait comme un travail, tout est préparé, autant les riddims que les lyrics.

Est-ce que vous recréez des riddims en studio?
Fatta : Ca nous arrive de remonter des riddims, d'enlever des voix...

Quels sont les premiers artistes que vous ayez cutté en Jamaïque?
Fatta : Les premiers artistes sont... Winston Jarret, Chronicle, et Lone Rangers, c'était le premier voyage, on avait pas beaucoup de sous à l'époque, on ne jouait pas beaucoup.
Rico : Sinon les premiers plates qu'on a fait, c'était avec Rod Taylor..
Fatta : Le tout premier fait en France c'était Shukky Star et Nolan irie

Vous jouer pas mal à l'étranger, avez vous l'impression de représenter la France?
Rico : Je sais pas si on représente la France, parce que il y a beaucoup de sounds qui mériteraient de représenter la France. Maintenant si aux yeux de certains on représente la France, on essaye de bien la représenter. On a joué dans 7 ou 8 pays d'Europe et on a toujours joué dans de bonne vibes, même si on clash, c'est dans un bon esprit.

SOUL STEREO feat Lone RANGERS

Est-ce que le prix des Dubplates est plus facilement négociable sur place?
Fatta : En fait il n'y a pas de rêgles, parfois des artistes vont te demander moins à l'étranger. Un Dub Plate ça va de 00Fr "merci mon frêre", à des milliers de francs. Après c'est un choix tactic, un choix personnel de savoir si tu veux dépenser ton argent
Rico : Si tu fais comme les japonais, à attendre dans les studios, et à check l'artiste sans le connaître, sans connaître sa carrière, et que tu le Cut juste parce que d'autres le font, c'est sur que tu risque de payer beaucoup plus, par contre, si tu as le temps de parler avec l'artiste, et qu'il voit que tu kiffe son style, que tu connais sa carrière.... Nous on essaye de négocier le meilleur tarif possible, que ce soit en France ou à l'étranger

Vous faites aussi venir pas mal d'artistes, quels sont vos projets pour le futur?
Rico : On aimerait bien faire revenir Alton Ellis, parce que la dance à Paris était pas terrible à cause de la sono. On aimerait bien aussi jouer avec U Roy.
Fatta : On a fait un truc avec U Roy, mais c'était un show case TV au MCM café, mais c'était un truc pour la presse, pour la promotion de son Album produit par Tabou1
Rico : Il y a aussi pas mal d'artistes qui nous intéressent, maintenant il faut savoir que beaucoup habitent aux U.S, et c'est pas toujours facile avec l'immigration, parce qu'ils sont grillés, ils peuvent pas bouger ; donc il y a énormément d'artistes qu'on aimerait faire venir, comme Johnny Osbourne.

Même si vous jouez avec des artistes, est-ce que vous pouvez vous affirmer comme un Sound Clash?
Rico : Là où on prend le plus de plaisir, c'est en jouant avec des artistes, maintenant avec la coupe de France qui a eu lieu, c'est une nouvelle demande du public. C'est très à la mode aux Etats-Unis, en Jamaïque c'est quasiment inéxistant parce que les gens n'aiment plus ça. Donc nous on est un son Juggling qui a envie de faire bouger les gens, mais à l'occasion, 1 ou 2 fois dans l'année pourquoi pas ! mais c'est pas notre truc, on va le faire parce qu'on a pas envie de mourir bête, on le prend comme des expériences. Mais on compte au maximum éviter le clash avec des sound français parce que l'esprit des gens par rapport au Clash n'est pas encore clair, ils croient que c'est une guerre, alors qu'en Jamaïque c'est un show les mecs se retrouvent après, ici en France les gens s'est limite ils ne se parlent plus après un clash, donc en France on n'est pas encore au niveau. Si tu nous vois faire des clash, c'est avec des gens qu'on connait, on sait qu'il n'y aura pas de bagarres ; dernièrement on a joué avec Vibes so Nice et Sound & Vibes, on avait fait un défit Dub.

Est-ce vous avez des projets parallèles, du type label, production?
Rico : Je crois que c'est le but quant tu as connecté des artistes ; on voudrait produire des artistes avec qui on a eu des bonnes vibes, qui pourront nous faire des bonnes chansons, on pourra manager un peu les lyrics et garder que ce qui nous intéresse le plus. Ouais je crois que c'est un but pour tous Sound System de pouvoir un jour produire.

Petit mot de conclusion
Rico : Big Up à Jahmusik, Big Up aussi à tous les gens qui travaillent pour le reggae, tous les Sound System de Paris et en france. Puis c'est que de la musique, il faut voir vraiment que c'est pas un business
Fatta : Big Up

Fatta & Rico (Soul Stereo) / Daddy Saïd