C'est
dans les montagne de Clarendon, au coeur de la Jamaïque,
qu'est né Fitz Albert Cotterell.
Hyperactif comme pas deux, sa mère le surnomme Junior
Ranking dès son plus jeune âge, puis c'est ensuite
le DJ Nicodemus qui lui trouve le nom de Slim Brown
en rapport à sa ressemblance avec son DJ favori U BROWN.
Plus qu'une idole, U BROWN devient un frère, c'est
celui qui le pousse dans les starting block, qui lui donne
l'inspiration. Plus tard, son mentor parti en Angleterre,
c'est du côté d'Ocho Rios, au sein du HI POWER
Sound system de JACK
RUBY,
qu'il commence à prendre de la carrure et qu'il
trouve le nom sous lequel nous le connaissons : PRESIDENT
BROWN.
Rencontré en Allemagne par les frères
du King
Fari Sounds system, PREZIDENT BROWN revient
sur sa carrière, sur ses espoirs, sur sa vision
de la société jamaïcaine, dans une
interview exclusive pour JAHMUSIK.net.
Peux tu nous dire comment ta carrière a commencé
? Je pourrais dire que ça a commencé
dès l'école, mais déjà bien avant,
dès ma naissance, j'avais l'âme d'un artiste.
C'est une vibe naturelle. Je pense que je suis un artiste
né (natural born artist). Mais c'est vraiment
quand j'étais à l'école, au début
de l'adolescence, que j'ai découvert cette vibe. C'est
en entendant U BROWN que
j'ai ressenti ça ! C'était mon artiste préféré,
et à l'époque il était sans conteste
le meilleur DJ Jamaïcain. Mon inspiration est venue de
cette voix, de tout ce que j'ai découvert à
cette époque. Quand j'ai commencé à
chanter dans les concerts de l'école, je reprenais
le même style que celui de U BROWN. Puis près
de chez moi, à Saint Mary, il y avait une dancehall
où j'allais tout le temps. Ce sont en fait des frères
qui avaient un sound system et qui jouaient là-bas
qui m'ont poussé à m'y mettre sérieusement.
Du coup je me suis lancé lors d'un sound et je n'aurais
jamais imaginé que les gens auraient réagi comme
ça. C'est là que tout a commencé !
Peux tu nous parler des gens qui t'ont encouragé à
te lancer dans la musique ?
U BROWN en personne ! Il venait
souvent par chez nous, il jouait aussi dans la place dont
je te parlais tout à l'heure, à Ocabessa.
Quel
âge avais-tu à l'époque ?
Je devais avoir 14, 15 ans. J'étais encore un
gamin. Nicodemus
aussi m'a beaucoup inspiré ! C'était d'ailleurs
un ami de U BROWN et lui aussi venait jouer dans notre
campagne.
A cette époque apparement je ressemblais pas
mal à U BROWN, du coup Nicodemus m'avait appelé
SLIM BROWN.
U BROWN m'a appris plein de choses technique au niveau
du chant. Ce qu'il fallait faire et ne pas faire ; il
me conseillait de boire de l'eucalyptus, du miel ...
Tout ça se passait au début des années
80. Puis U BROWN est parti en Angleterre et n'est pas
revenu. Du coup, c'était moi le BROWN !
Quelques années
plus tard vous avez enregistré ensemble ... Etait-ce
comme un hommage de ta part ?
A l'époque U BROWN habitait encore à London
et était de passage au pays, mais personne ne
semblait plus vraiment le reconnaitre. Je l'ai donc
vu à Kingston et je lui ai dit « Yo,
passes un peu à la
campagne
te ressourcer ! ». Artistiquement, ça
n'était pas facile pour lui, il n'était plus
au top, je voulais lui faire passer un peu d'énergie
positive et si possible le relancer un peu. Puis on a alors
enregistré ensemble.
Quel a été ton
premier hit ?
Mon premier hit était une chanson appelée LION
HEART. Ce n'était pas mon premier enregistrement,
mais c'est bien avec cette chanson que j'ai commencé
à retenir l'attention des gens. A cette époque
le système était en train de changer, on ne
pouvait plus dépendre d'un sound system, il fallait
aller de studio en studio.
Tu
continuais tout de même à travailler avec des
sounds system ?
Oui bien sur, mais comme je te disais, à cette époque
les sounds commencaient à vraiment changer. C'était
le début de sounds comme STONE LOVE. Pour survivre,
il fallait que nous aussi, les artistes, changions. Mais
on ne peut blâmer personne, c'était une transition,
il nous fallait évoluer et si je ne l'avais pas fait
à ce moment là, je ne serais sûrement
pas là aujourd'hui pour en parler. Finalement, cette
transition m'a poussé à un niveau supérieur.
Peux-tu
nous parler de ton premier album ?
J'ai toujours adoré la musique, j'ai toujours écrit
des lyrics, mais je n'ai jamais rien planifié. Je
n'avais pas de label, mais j'avais des chansons. Le premier
album que j'ai sorti était assez expérimental.
Ce que je veux dire, c'est qu'à l'époque grâce
à des amis ingénieurs, on avait le privilège
de pouvoir travailler en studio, et souvent la nuit, vers
2, 3 heures du matin, on se lançait dans des exprérimentations.
Puis c'est un frère, installé dans le Connecticut
qui a sorti mon premier album sur son label Flynn
& Flynn. C'était une compilation de chansons
enregistrées au Grove Music
Studio, l'album s'appelait HURT
DEM BELLY. Mais bon ! Je n'ai jamais vraiment
eu de contrôle sur ce disque ! C'était mon
premier album. Pour moi c'était comme de l'entrainement.
Depuis
tes gros succès de la fin des années 90, on te
voit de moins en moins poser sur les nouveaux riddims !
En fait j'ai un concept, une stratégie. Selon moi, plus
on te voit , moins on te voit ! Je ne suis pas le genre d'artiste
que tu trouveras sur tous les riddims.Je ne fais pas du son
pour la hype. Je cherche avant tout la créativité,
et franchement je ne trouve pas que les riddims actuels soient
vraiment très créatifs. Aujourd'hui c'est clair
qu'il y a eu de nouveaux changements. Les selecteurs te jouent
si tu es sur une série, mais je ne veux pas trop travailler
de cette manière, c'est le Juggling. La plupart de mes
chansons, tu ne peux pas les jouer de cette manière,
c'est pour ça qu'on m'entend moins.. C'est mon concept
et je crois en ça. Si tu me vois moins, c'est parce que
je suis en train d'aller de l'avant.
Avec
TO JAH ONLY tu as résolument
franchi une nouvelle étape, peux tu nous parler de cet
album.?
A la base, c'est KULCHA KNOX
qui m'a présenté à KARIANG.
C'était une toute nouvelle entreprise, ils avaient leur
studio et tout ce qu'il faut. Un jour, je m'y suis donc rendu
avec KULCHA KNOX et j'ai enregistré une chanson, qui
d'ailleurs n'est peut être jamais sortie. En tous cas,
qui n'a pas vraiment parler d'elle. Mais après cette
session, j'étais en bon contact avec les gens de KARIANG
qui m'ont proposé de revenir quand je le souhaitais pour
travailler avec eux. Je suis donc revenu et j'ai enregistré
RUFF ROAD et IN
THIS LIFE que je pensais garder pour mon prochain album.
En fait, à la même époque, j'avais signé
un deal pour un album avec ISLAND
et c'est ça que je préparais, mais je n'ai jamais
vraiment compris ce qui c'est passé ; on a finalement
pas pu le faire ensemble. Ca a vraiment été quelque
chose d'incompréhensible et aujourd'hui encore d'ailleurs.
On avait commencé à travailler dessus, une avance
avait été versée ... mais personne ne m'a
jamais reparlé de ce contrat. Mais d'un autre côté,
on avait parlé de cet album à venir, on avait
fait un peu de pub, il était donc attendu. Du coup, KARIANG
m'a proposé de produire l'album, je me suis dit : « pourquoi
pas ! ».
Te rappelles-tu comment t'est venue l'inspiration de ta chanson
TO JAH ONLY ?
A la base tu trouves la vibes Binghi, Kette Drum. C'est une
chanson qui est venue comme une prière.
Depuis cet album, on t'a vu faire
pas mal de choses différentes. Tu as travaillé
avec DJ Tomeek, un artiste HipHop,
avec JAH WARRIOR à Londres
... Comment se sont déroulées toutes ces expériences
?
A la base, il y a toujours quelque chose de mystique. J'aime
rencontrer les gens de différentes cultures, de différentes
vibrations. C'est à la suite de TO JAH ONLY que j'ai
été connecté par DJ
Tomeek. En fait, je voulais represser certaines chansons
de l'album. A l'époque on avait fait un showcase avec
tous les médias à Hambourg en Allemagne et Tomy
a aimé ce que je faisais. Il a fait un remix de Ruff
road. Puis il m'a proposé de faire une combinaison avec
un artiste allemand.
JAH WARRIOR, je l'ai rencontré
lors d'une tournée européenne avec EVERTON BLENDER
et FRANCKY PAUL. En fait, c'était pendant notre passage
à Londres, je n'avais pas de monnaie anglaise et j'ai
alors du enregistrer quelques specials. C'est U BROWN qui m'a
connecté avec lui. En fait, je me souviens, je devais
poser pour un ami français : PATATE, et je me suis retrouvé
dans le studio de JAH WARRIOR.
On
t'a vu en France aux côté de Doniki, Kulcha Know,
Terry Ganzie, comment étaient les vibes de cette tournée
?