Si
l'on parle le plus souvent des groupes de reggae venus de la
capitale ou encore de quelques grandes villes françaises,
nous oublions souvent que le reggae est très développé
en nos contrées et que toutes les bourgades de plus de
25 000 habitants ont à présent leur émission
de radio, leur sound, leur groupe local ... et que ces derniers
n'ont souvent rien à envier aux autres (bon ! l'étude
statistique n'est pas fondée, mais attendez la suite
...). Bien que ça ne soit pas son cheval de Troie; le
groupe varois NO MORE BABYLON
est bien là pour nous le montrer ! Depuis presque 10
ans |
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Entre N&B ph. Gilles MALBET |
maintenant,
le groupe est actif non seulement dans son Yard (Toulon) mais
aussi partout en France et par delà des frontières
gauloises.
Depuis la sortie de son second opus VAMPAYAH
Ina Showcase style, le groupe est devenu incontournable.
Du magazine d'actualité Marianne à ceux spécialisés
reggae, ils sont partout à l'honneur et ils méritent
bien cet hommage, tant leur reggae roots & conscious nous
amène par delà des frontières que bien
des morceaux de variété n'atteindront jamais.
Et avé l'accent du sud en prime ! Gros plan sur le groupe
NO MORE BABYLON. |
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Pouvez
vous nous présenter le groupe et ses membres ?
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No More Babylon est un groupe de Reggae Roots Dub, né
en 1994. Le groupe est basé sur Toulon et compte
7 membres:
- Batterie : Gui
- Basse : Lucky
- Chant : Kiko
- Claviers : Dju
- Guitare : Alex
- Percussions : Mr T
- Dub Master : Wall |
Quand & comment vous êtes
vous rencontrés et avez vous décidé de
créer le groupe NO MORE BABYLON?
Certains d’entre nous se sont rencontrés très
tôt, en 1978, à l’âge de 4 ans (c’est
le cas de Gui et Lucky), sur les bancs de l’école
maternelle, puis ensuite au collège (Wall et Kiko)
et enfin pour les derniers, au lycée (Alex, Mr T et
enfin Dju). Après quelques années d’écoute
attentive du Reggae, on a décidé de créer
notre propre formation, au début, très modestement
(car nous sommes majoritairement autodidactes) afin d’occuper
nos week-ends puis, s’imposant une discipline de travail
stricte, on en est arrivé aujourd’hui à
ne faire plus que ça.
Quels étaient vos
influences ? Comment ça se passait niveau reggae
dans votre région à l'époque ?
Avant même que le groupe n’existe, nous avions
déjà été contaminés par
le Reggae. Ca remonte à 1990. Nous avons découvert
la plupart des artistes incontournables tels que |
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Bob
Marley, The Gladiators, Burning Spear, Israël Vibration,
Steel Pulse, Black Uhuru, The Abyssinians, Pablo Moses,
U Roy, The Mighty Diamonds, Culture …
A cette époque, une seule structure essayait
de faire avancer les choses au niveau du Reggae: ASPECT
(aujourd’hui TANDEM) en produisant des concerts
ponctuellement (Yellowman, Burning Spear, The Gladiators,…).
Au niveau de la scène reggae locale, un artiste
comme Poupa Claudio a connu une reconnaissance
nationale en signant chez Island à la fin des
80’s. Il nous soutient d’ailleurs depuis
la création du groupe (Claudio fait partie des
amis et des guests de No More Babylon). L’émission
de Reggae TURBO REGGA' sur radio Arc-en-Ciel,
animée par Meex de 1987 à
1996,
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nous
a permis de découvrir de nombreux artistes.
Meex intégra le groupe en 1994, en tant qu’ingénieur
du son jusqu’à son départ en
1997 pour Londres où il continue d’animer
chaque lundi TURBO
REGGAE sur le net de 17h a 19h (heures
françaises) recevant des artistes tels que
Mikey Dread du Channel One Sound System, Jimmy Riley,
Jack Scorpio, ou encore Jr Delgado.
Est ce que ça
a beaucoup évolué ?
Au fil des années d’autres horizons
se sont ouverts à nous et nous avons découvert
la multitude de styles et d’artistes qui font
la richesse du Reggae. On a affiné notre
connaissance en écoutant: Johnny
Osbourne, Yabby You, Hugh Mundell, Prince Far I,
Barrington Levy, Junior Reid, Barry Brown, Horace
Andy …
Et aujourd’hui, on écoute aussi bien
du Roots que du Nu Roots, du Rub a Dub que du Stepper,
du Dub que du Digital, tous les style quels qu’ils
soient ! Notre influence principale restant tout
de même le Reggae old school des 70’s
- 80’s.
En ce qui concerne la région toulonnaise,
la dynamique Reggae se concentre sur Tandem
qui continue sa programmation musicale et Reggae
tout au long de l’année (Johnny Clarke,
Prince Allah, Alpha & Omega, Yami Bolo, Jr Kelly,
Anthony B,…); avec 2 ou 3 émissions
de Reggae dont Jah Love Music animée
par Beuzy General sur Radio Active ; et Herbalistic
Sound System de Hyères. Culturellement
parlant, ça reste pauvre mais il y a une
réelle demande du public.
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Y
a t-il des groupes avec lesquels vous êtes
particulièrement liés ?
Nous avons eu la chance de partager des scènes
avec de nombreux groupes et c’est avec les
Sons Of Gaïa que nous avons
le plus d’atomes crochus. Nous gardons un
très bon souvenir de Improvisators
Dub, Lˆbe et les 100 Grammes de Têtes.
Toutefois, c’est avec Koukouroukou
Samba (Batucada - Percussions Brésiliennes
de Toulon) que nous sommes le plus liés.
Nous avons d’ailleurs joué en live,
ensemble, un morceau Samba-Reggae de notre composition.
Avec plus de 200
concerts, vous avez en quelques années
parcouru la France, quels sont vos meilleurs et
pires souvenirs ? Comment ça se passe à
la maison ? |
Depuis
1994, on s’est produit effectivement un peu
partout en France: Marseille, Nice, Montpellier,
Toulouse, Bordeaux, Grenoble, Nantes, Paris, la
Bretagne, la Vendée, Bourges,… aussi
bien dans des bars que sur des scènes plus
conséquentes (premières parties de
Jimmy Cliff, Yellowman, Ijahman, Toots & The
Maytals, Alpha Blondy, U Roy, Misty In Roots, Mystic
Revelation Of Rastafari, Sinsemilia, Ras Michael…).
A l’unanimité, notre meilleur souvenir,
reste un concert au Zénith de Toulon
(avec Sinsemilia) car c’était déjà
notre premier Zénith et le public toulonnais
était des plus chauds. On peut également
citer un concert à Laval pour la fête
de la musique 2003 où l’on a été
extrêmement surpris par la chaleur, l’accueil
et la concentration du public. Big Up à
Laval !!! Une pensée également
pour notre concert du 16 Mai 2003 où on a
assuré le backing de Earl 16.
Avec le recul, on ne peut pas dire qu’il y
ait de pire souvenir. Même si les conditions
n’étaient pas toujours optimales et
favorables, même si le public n’était
pas toujours présent, on considère
que tous nos concerts, qu’ils soient bons
ou moins bons, font partie de l’expérience
et qu’ils nous enrichissent.
En 99, vous sortez
votre premier album auto-produit Stand
the Pressure, comment le percevez vous avec
du recul ?
C’était notre première expérience
studio, on n’était pas réellement
préparé, et on est conscient de nos
erreurs (manque de recul artistique, manque de maturité,
de moyens, conditions de réalisation limitées,
aucune véritable préparation). On
voulait toutefois le faire sonner Roots et on pense
y être parvenu. Comme on a pu le dire plus
haut, ça reste une expérience enrichissante,
et on a essayé d’ éviter toutes
ces erreurs sur ´Vampayah Ina Showcase
Style'.
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Où
et dans quelles conditions avez vous enregistré
VAMPAYAH ina showcase style
?
On l’a enregistré en 2 étapes:
En Octobre 2001, on a enregistré 4 titres,
au studio Pic Prod’, près de Montpellier.
La suite à été enregistrée
et mixée à Salernes, dans le haut
Var, à la campagne, de Mai à Juin
2002. On a bénéficié de bien
meilleures conditions que pour le premier album.
Plus de temps de préparation, plus de moyens,
et on a pu travailler dans un studio professionnel
.
L'album est assez conceptualisé (pochette
typée Scientist, album showcase) comment
sont venues ces idées ?
On a voulu faire un album Showcase
car depuis la création du groupe le Dub fait
partie de notre style et c’était la
meilleure façon de l’intégrer
à l’album et on ne voulait pas avoir
2 ou 3 bonus Dub isolés à la fin de
l’album comme on avait pu le faire pour le
premier.
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La
pochette, elle, fait effectivement référence
aux albums de Scientist mais aussi à toute l’imagerie
Reggae. On pense aussi au ´Super
Ape' de Lee Perry, au ´2 Giants Clash' de Yellowman
vs Josey Wales, au ´New Chapter' d’Aswad,
etc, etc…. Ca fait partie de notre culture musicale
et graphique. La pochette représente le combat
du bien contre le mal, dans Babylone. Le 'Dread' incarnant
le Bien, la Justice, le Righteousness et terrassant le
vampire, dans un univers déshumanisé, pollué
et étouffant.
Comment composez vous ?
Comment avez-vous fait la part des choses entre les morceaux
en français et en anglais ?
Il n’y a pas de règles. Chacun apporte sa
pierre à l’édifice. Un jour, l’un
va venir avec un riff de guitare ou un chorus de piano,
l’autre avec une ligne de basse ou une mélodie
de chant, et à partir de là l’alchimie
se fait. Il y a quelques années de cela, nous étions
rétissants à l’écriture de
textes en français, car ça ne nous correspondait
pas à nos goûts. Puis, un jour, un ami nous
a proposé des textes en français que nous
avons trouvé bien écrits. On a essayé
de les mettre en musique et le résultat nous a
plu.
Comment
avez vous choisi les featurings
?
Le featuring avec Jamal s’est
fait presque naturellement. Kiko le chanteur l’a
rencontré sur Nice, à la Fac. Jamal est
un Sing-Jay qui évolue dans les Sounds niçois,
il est polyvalent car il chante, il toaste et il rappe,
et puis humainement, il est excellent. On se retrouve
sur scène assez régulièrement.
Colonel Niko a fait une prise guitare
sur un des titres de l’ album. Niko c’est
l’ancien guitariste de Poupa Claudio et c’est
également celui qui a fait les prises de son
de notre premier album. Niko est avant tout un ami.
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Vos
textes sont engagés culturellement, philosophiquement
et politiquement, êtes vous
Rastafari ? quelle est votre position par rapport
à rastafari ?
On répondra en reprenant une interview que l’on
a donnée il y a quelque temps et qui figure sur
notre site internet : Pour nous Rasta c’est celui
qui est fidèle à Hailé Selassie I
Ras Tafari. Il voit en ce personnage une divinité
et l’aboutissement de ses espoirs. Rasta est un
déraciné qui veut retrouver la terre mère
et vivre mieux. Toutefois, chacun de nous peut nourrir
les mêmes espoirs de vie meilleure, |
d’authenticité.
On peut très bien vivre dans une société
et ne pas se sentir à sa place. Mais, il n’est
pas facile de tout lacher pour retrouver les bases de
l’existence. Rasta, pour nous
est un art de vivre, une philosophie. Rasta, pour nous
encore, représente la part de Bien que chacun de
nous à en lui. Chacun peut être Rasta, Rasta
vient du cœur. Alors si Rasta c’est vouloir
le Bien et aller dans ce sens, nous sommes Rasta. Rasta
is Love ! Love is Rasta !
De
quel oeil percevez vous l'ascension de la
Dancehall et la régression des valeurs culturelles
dans le milieu ?
Il y a quelques années de cela, le Slackness avait
le vent en poupe, puis petit à petit l’engouement
pour ce style s’est essouflé. On a pu constater
que les fondations du Reggae étaient le Roots,
avec un message conscious (Garnett Silk en est le meilleur
exemple). Toutefois, ces dernières années
le Dancehall s’est développé, survolant
bien souvent les Charts, avec des paroles superficielles,
creuses et sans consistances. Si le Dancehall existe c’est
pour faire danser les gens et, par essence, il est soumis
à un effet de mode, contrairement au Roots qui
lui à pour but de faire réfléchir
les gens et reste de ce fait intemporel. On
aime quand même la vibe du Dancehall mais plus pour
la forme que pour le fond !!
Pouvez
vous nous parler de votre rencontre avec Earl
16 ? Y-a t-il d'autres collaborations en
vue ?
La rencontre avec Earl 16 s’est faite au début
du mois de Mai 2003. Pour la sortie de Vamapayah
Ina Showcase Style, nous avons décidé
d’organiser un concert événement
en invitant un artiste jamaïcain de renom.
C’était l’occasion rêvée
pour nous d’assurer le backing. Nous avons
pris contact avec Earl, qui a accepté après
avoir écouté notre album et a débarqué
le week-end suivant dans notre local. La mise en
place du set a très vite pris forme. On a
été agréablement surpris par
sa simplicité et son professionnalisme. Le
concert du 16 Mai 2003 avec Earl reste un
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excellent
souvenir et une future collaboration est en marche. En
effet Earl a émis le souhait de faire une tournée
avec nous. Actuellement nous proposons donc un plateau
Earl 16 / No More Babylon et nous lançons un appel
à tous les promoteurs, producteurs et personnes
intéressées par ce projet.
Nous sommes également en contact avec Little
John et Josey Wales pour une éventuelle
collaboration. Affaire à suivre!!
Quels
sont vos rêves et vos projets pour l'avenir ?
Nous avons pour projets:
- continuer nos concerts en France,
mais aussi chez nos voisins européens (Benelux,
Allemagne, Suisse)
- une tournée avec Earl 16
- Une maison de disques hollandaise s’intéresse
à nous: elle distribue déjà notre
album sur son territoire, et nous a proposé de
sortir un maxi vinyl 4 titres, avec
peut-être un ou deux dubs inédits: on vous
tiendra au courant.
- En parallèle, il nous tient à cœur
de réaliser notre propre série de 45 tours
où des artistes jamaïcains se poseraient
sur nos riddims, ce qui nous permettrait d’être
plus présents auprès des sounds-systems.
Earl 16 est déjà OK. Nous recherchons
activement des personnes susceptibles de nous aider
financièrement, commercialement et artistiquement.
Big up a tous les massives qui soutiennent
Reggae Music, One Love & Unity!
Pour tous ceux qui souhaitent avoir plus de renseignements
sur le groupe, on vous invite à venir sur notre
site: www.nomorebabylon.com.
Vous pouvez également nous laisser un message
sur: mailbox@nomorebabylon.com
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NO
MORE BABYLON/ RUBENXELA -
septembre 2003
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