Le groupe Mister
Gang se forme au début des années 90, associant des
artistes d'horizons musicaux différents. Originaire de l'Essonne,
la formation s'enrichie au fur et à mesure du temps, et se
forge une réputation en tournant assidûment dans toute
la France.
Ainsi, en 1999, ils sortent leur premier album Liberté
Illégale. Mis en avant sur toutes les radios avec
les |
|
singles
"Tout le monde est là" , le Gang vend 50
000 albums de ce premier opus.
Après avoir à nouveau parcouru les routes de France
et de Navarre, ils sortent en mars 2001 leur second album, plus
mature, très riche musicalement, Paris
> Lisbonne > Pointe-à-Pitre.
Quasiment un an après la sortie de ce dernier, nous dressons
un petit bilan avec les Gangsters. |
|
En
mars 2002 ça fera 1 ans que Paris > Lisbonne > Pointe-à-Pitre
est sorti, est ce que vous pouvez faire un premier bilan ?
Le bilan n'est, hélas,
pas à la hauteur de nos espérances puisque au niveau
des ventes on a à peine atteint les 20 000 exemplaires. De
même, la couverture médiatique n'a pas été
celle escomptée : la promo presse a été assez
succincte, le single "J'adore" est peu passé
sur les radios, le clip a été un peu diffusé,
mais rien à voir avec la promo effectuée sur "Tout
le monde est là". Cela est surtout dû
au fait que la maison de disque s'est moins investie dans la promo
de Paris > Lisbonne > Pointe-à-Pitre que pour
l'album précédent...
Heureusement cela ne nous a pas empêché de tourner
dans toute la France, mais le "moral des troupes" s'en
ressent un peu...
Quels
retours avez-vous du public ?
Le retour est très
positif, le public réagit bien aux nouveaux morceaux et au
spectacle, basé sur le concept de "voyage" qui
correspond bien au nouvel album. Mais le problème se ressent
au niveau du remplissage des salles qui est très inégal,
même si dans l'ensemble le public est au rendez-vous.
|
Est-ce que l'album
marche aux Antilles et au Portugal ? Est-ce que vous avez pu aller
y jouer ?
Le marché des
Antilles est un terrain "miné" pour les majors,
et sûrement pas assez juteux (dans notre maison de disque,
on ne sait toujours pas si les DOM TOM dépendent de la France
ou de l'étranger)...
Mais on a tout de même
pu constater par nous même, que notre musique touche les gens
d'outre mer : on a été invité à un méga
festival en Nouvelle Calédonie, organisé par
le principal syndicat de là-bas (un syndicat Kanak), et on
a joué devant
20 000 personnes, avec des artistes jamaïcains (U-Roy,
Big Youth et Pablo Moses).
|
|
On s'est rendu compte
qu'on était très populaire en Kanaky - il y
a vraiment un gros décalage par rapport à la métropole
- et on n'a jamais signé autant d'autographes ! Ce qui est
cool, c'est qu'on a eut le temps de rencontrer les gens, de visiter
le pays et les tribus, puisqu'on est resté 10 jours, et c'est
vraiment un excellent souvenir pour nous : les kanaks sont chaleureux
et accueillant (on a hâte d'y retourner).
Ce mois ci et
les suivants vous reprenez les routes de France, est-ce que vous
y prenez toujours autant plaisir ?
Oui, nous repartons
en tournée au mois de mars, avec un nouveau spectacle qui
sera un peu la synthèse des deux albums (alors que la tournée
d'avant était plus basée sur le dernier album). On
va d'ailleurs préparer ce spectacle pendant un mois, avec
un vrai travail sur l'aspect "théâtral",
l'écriture du spectacle et les répétitions
qui auront lieu au Château d'O à Blois.
|
C'est vrai qu'être
sur la route est assez fatigant et que les gens ne soupçonnent
pas forcément ce que peut être "l'envers du décor"
(les kilomètres à gogo, le matos à monter et
démonter après, la balance, le
manque de sommeil, etc.), mais ça reste un vrai plaisir pour
nous. La scène est vraiment notre terrain de prédilection
: l'interactivité avec le public est une sensation incomparable,
presque une drogue !
Verra t'on sur scène certains des featurings de l'album ?
Cela arrive assez souvent,
quand c'est possible (chacun a sa carrière)... Lors de la
tournée on a fait plusieurs dates avec Baobab et le
featuring de Manu sur "Comme un seul homme"
s'imposait, idem pour K2R Riddim. Macinissa est venu
sur plusieurs concerts, de même que les mecs de Tryo
qui viennent
assez régulièrement, quand ils ne jouent pas ailleurs
(certains sont même des "fidèles", comme
Danielito ou Manu, qui ne ratent jamais une occasion de nous rejoindre).
Vous
avez parlé de sortir en album Live, est-ce qu'il est capturé
? La sortie c'est pour quand ?
Pas encore, cela va
se faire lors de la tournée à venir. Mystère,
mystère ! Si tout va bien, l'album live devrait sortir pour
la rentrée prochaine : septembre-octobre 2002.
|
Sur Paris on vous sait tenir votre place
à Moulin Galant,
ce lieu qui a tout l'air d'être un symbole de l'identité
du groupe. Pouvez vous me raconter l'histoire de ce lieu ?
C'est un lieu
qui a une vraie ambiance. Il s'agit d'une ancienne papeterie,
à présent désaffectée, installée
sur le cours de l'Essonne et à présent investie
par de nombreux groupes. C'est une vraie "pépinière"
de musiciens essonniens !
Mais on n'a pas
commencé à Moulin-Galant : nos premières
répétitions se déroulaient dans une cave,
puis dans un "grenier" (!), puis nous avons répété
à la Halle du Rock d'Evry (un studio municipal où
répètent de nombreux groupes et où commencèrent
les Silmarils). Ce n'est qu'au bout de 4 ou 5 ans que nous
nous sommes installés à Moulin-Galant, quand
nous avons eut les moyens de payer un vrai loyer pour avoir
notre propre studio et devenir
|
|
plus indépendants. Nous avons alors aménagé
le lieu à fin d'en faire un studio pour les répétitions
et les enregistrements, et cela nous a permis de nous familiariser
avec le travail de studio (c'est d'ailleurs à Moulin-Galant
que fut enregistré "Liberté illégale"). |
|
Votre reggae sonne de plus en plus lourd,
vous n'êtes pas forcément militants mais vos textes
sont tout de même la plupart impliqués, ne pensez-vous
pas que l'image de "groupe festif", que vous donnent bon
nombre des médias, n'est pas un peu réducteur ?
Je suis heureux que
tu dises que notre reggae "sonne de plus en plus lourd"
et que nos textes sont "impliqués", ce n'est pas
toujours le cas ! Nous sommes souvent victimes du syndrome "groupe
festif", une image qui ne nous satisfait pas : elle est, à
notre avis, trop réductrice au regard de la musique que nous
jouons, et par rapport aux messages et aux différentes émotions
que nous voulons faire passer. En même temps, on ne peut pas
en vouloir aux gens qui ne connaissent le groupe qu'à travers
"Tout le monde est là" ou "J'adore",
des titres que l'on pourrait qualifier de "festifs"...
Le problème
majeur se situe donc au niveau de l'image du groupe qui a été
véhiculée par la mise en avant des singles, alors
que, dans l'ensemble, les albums sont bien plus riches et pas aussi
"réducteurs"... La responsabilité de ce
fait incombe en grande partie à la maison de disque, qui
ne voit dans Mister Gang qu'un groupe festif, ce qui est très
regrettable, et c'est une situation difficile à gérer.
Il va nous falloir nous battre deux fois plus pour imposer notre
vision du groupe.
|
Est-ce que les Gangsters se consacrent
exclusivement au Gang ?
Non, le Gang
est très ouvert. On a pas mal de projet à côté
de Mister Gang :
certains font des remixes (on a remixé des titres de
Korn, de Tamia ou Positive Black Soul),
de la musique pour le des pièces de théâtre
ou pour des films indépendants, d'autres font des séances
de studio ou des featuring (c'est la Section du Gang qui joue
sur "Ces soirées là" !), etc.
Cela vient
du fait que le groupe est composé de nombreuses individualités,
dont le reggae est le dénominateur commun, mais qui
ont chacune des influences et des parcours musicaux différents.
C'est, à mon sens, ce qui fait la richesse et la force
de ce groupe.
Donc
prochain album un Live.... Est-ce que vous travaillez aussi
sur un album compo ?
Pas vraiment
: ce n'est pas notre façon de travailler que de planifier
longtemps à l'avance. Il y a bien des ébauches
par-ci, par-là, mais on est plutôt du genre à
se mettre "au pied du mur"...
Est-ce que vous allez vous rapprochez encore un peu plus des
racines du reggae, la Jam (featuring , enregistrement...)
dans un prochain album?
|
|
|
Est-ce que vous
allez vous rapprochez encore un peu plus des racines du reggae,
la Jam (featuring , enregistrement...) dans un prochain album?
Je ne sais pas... Je
pense qu'on va plutôt s'éloigner du reggae "pur
et dur" pour s'orienter vers une musique plus ouverte sur d'autres
influences (zouk, funk, jazz, drum'n bass, ...), comme c'est déjà
le cas sur Paris > Lisbonne > Pointe-à-Pitre.
Le cadre strict du reggae commence à nous "peser"
(et le
syndrome du groupe "festif" n'est sûrement pas étranger
à ce phénomène), et surtout les influences
plurielles demandent de plus en plus à s'exprimer.
Ce qui ne nous empêcherait
pas de réaliser des featuring avec des artistes jamaïcains
(on a rencontré pas mal d'artistes jamaïcains depuis
qu'on est sur la route et certains nous kiffent bien). Je pense
que le reggae restera sûrement la composante principale de
notre musique, mais ce sera un reggae en demi-teinte ou "suggéré"
(je pense par exemple à Massive Attack ou à
Finley Quaye).
Donc l'année
2002, pour résumer ?
Tournée, tournée,
tournée ! Enregistrement du live, un max de concerts à
l'étranger (si possible), festivals d'été,
sortie du live... et vacances.
Message
pour les visiteurs de Jahmusik.net
On espère vous
croiser bientôt sur la route ! N'hésitez pas à
venir nous voir avant ou après le concert, on sera ravi de
partager un ti'punch avec vous ! Good vibes !
Toko
pour Mister Gang/ Rubenxela
|
Traduction
PLI FO (Créole & Portugais) du dernier album Paris >
Lisbonne > Pointe à Pitre
|
Sa
yo pwan pwan
Yo pé ké jan pwan ko ou
Ni lèspri aw man
Fòk sa mèt vou ti bwen pli fo
Jòdijou lé moin ka fèmé
zyé boy
En lèspri mwen ni
Kon bèl kouché d'solèy on kat' postal
Ka mét mwen irie
Ka ben mwen fòs mwen pé kyembé en métropol
Balack man mwen yé isi ban mwen lavi a padròl
Yo di mwen: pa chèché move bizness
Pou yo pas mété-w lajòl
Sonjé lé zensien yo toujou di
Piti fo ou kontrol
E mèm si fwédi-la ka koupé en ba pyé
a-w
Fèmézyé, just sonjé bèl île
la ki ta'w
Ainda me lembro desso dia
Quando chiguei nessa terra que nao conhecia
Numa mào uma mala em cartào
Cheia a raso de recordaçoes
E na outra, nào tinha nada,
Mas o meu punho estava sozinho, estava cansado
Mas sabia que nimgem poderia robar o meu
Passado
Isso é que me salvou
Isso é que me fez andar
Sa soufè mwen ja soufè
Sa pwan fè mwen ja pwan fè
Mwen envi ritourné an mwen
Surtou, pa éséyé
Retienn'mwen
|
Ils
peuvent te prendre
Ce qu'ils veulent, ils ne prendront
Ni ton corps, ni ton esprit, man
Il faut que ça te rende un peu plus fort
Aujourdh'hui lorsque je ferme les yeux
Dans mon esprit il y a
Comme un beau coucher de soleil, une carte postale
qui me met irie
Qui me donne la force pour venir en métropole
Je suis black man, pour moi la vie
n'est pas drôle
Ils m'ont dit de ne pas chercher de mauvais
Business, pour ne pas finir en prison
Rappelle-toi que les anciens ont toujours dit
"Petit il faut maîtriser"
Et même si le froid te coupe sous les pieds
Ferme les yeux, pense à ton île qui est si belle
Je me rappelle encore de ce jour
Quand je suis arrivé sur cette terre que je ne
Connaissais pas
Dans une main une valise en carton
Pleine à ras-bord de souvenirs
Et dans l'autre, il n'y avait rien,
Mais j'avais le poing bien serré
J'ai souvent pleuré agrippé à ma valise
J'étais perdu, j'étais seul, j'étais fatigué
Mais je savais que personne ne pourrait
Me voler mon passé
C'est ce qui m'a sauvé,
C'est ce qui me fait avancer
J'ai souffert, j'ai déjà
souffert
J'ai tellement souffert, j'ai déjà tellement souffert
J'ai envie de retourner chez moi
Surtout n'essayer pas
De me retenir
|
|