Un certain nombre d'entre vous doivent
déjà connaître Kulcha Knox, et à
vrai dire, il serait même assez étrange en tant qu'amateur
de reggae que vous n'ayez jamais aperçu ce nom.
Il y a des chances que vous l'ayez vu ces dernières années,
lors de sa tournée avec Doniki, Terry Ganzy
et President Brown. Peut être aussi avez vous entendu
son album Praise Jah Again (un hommage à son père),
quoi qu'il n'ait jamais été vraiment bien distribué
ici. Sinon, les amateurs de vinyles doivent certainement connaître
ses classiques sur le label culturel Kariang auquel il est
très attaché, où alors l'avoir rencontré
au travers des featurings qu'il a pu faire sur des albums
d'artistes jamaïcains, et aussi avec des artistes étrangers,
comme la chanteuse Ethiopienne Chachi Tadesse, la diva Soul Sade
ou encore notre Pierpoljak national ; tous produits dans les studios
Kariang de Jah Mikes à Ocho Rios.
KULCHA KNOX est
né le 15 avril 1965dans les collines de Manchester.
C'est un fervent rasta depuis son plus jeune âge, et pour
tout vous dire, il a de qui tenir, puisque son père n'est
autre que le légendaire animateur de radio Jeff "Free
I" Dixon, qui fut assassiné auprès de Peter
Tosh en 1987.
La famille du reggae, c'est sa famille.
Sa carrière
de DJ a commencé alors qu'il n'avait que 15 ans, et ses lyrics
culturels ont eu un fort impact sur les amateurs de sons conscious.
Il s'est produit dans tous les plus grands festivals et concerts de
Jamaïque, mais aussi aux USA, en Europe et en Afrique.
C'est en Allemagne, alors qu'il se produisait avec le mythique sound
culturel Caveman, que Dread Lion de King Fari Sound System
l'a rencontré pour Jahmusik.
Ici et maintenant, l'original rastaman Kulcha Knox, dans la lignée
d'artistes comme U Roy, Trinity ou Brigadier Jerry.
Dread Lion :Depuis
quand t'intéresses-tu au reggae ? D'où te viennent
tes influences ?
Kulcha
Knox : Je ressens cette musique
depuis que je suis né. Pour ce qui est de mes influences,
c'est le travail de sa majesté, la tradition de I&I,
les chants, le savoir, la liberté... la libération
est en chacun. En fait mes deux inspirations principales sont
l'amour et la liberté.
Comme nous a dit la tradition, on est né loin de chez
nous, alors on fait ce qu'on peut.
Quand tu aimes Jah, et que tu partages ça, c'est toujours
un grand plaisir de travailler avec les frères.
Dread
Lion :D'où te vient ton nom d'artiste,
Kulcha Knox ?
Kulcha
Knox : Ce sont mes
parents qui m'ont appelé Knox à ma naissance,
c'est mon prénom.
Kulcha, ça vient du fait que j'ai toujours choisit
de prendre une direction culturelle dans mon travail, dans
mes lyrics, dans tout ce que je fais, c'est donc simplement
pour ça que je m'appelle Kulcha Knox. Mais j'ai un
autre nom aussi, depuis tout jeune on m'appelle Knoky, et
c'est même avec ce nom que j'ai commencé, à
l'époque mon gimmick c'était " Kulcha
Knoky est knoky ", aujourd'hui Kulcha Knox dit :
"Holly I Selassie I, Jah RASTAFARI"(repris
en coeur par tout le monde autour).
Quels artistes t'ont le
plus influencé ?
Comme je
t'ai dit, Rastafari est mon premier
guide, ma première influence, et j'ai toujours
aimé et été fortement attiré par
tous les artistes qui chantaient la gloire de Haile Selassie
I. Donc je te dirais Bob Marley,
Peter Tosh, Garnett
Silk ... tous ceux qui font parti de la maison
de Fari. C'est une famille et c'est pour ça que je
te dis que Haile Selassie est ma première influence,
il est le premier musicien. Pour moi, la musique c'est avant
tout, une histoire de tradition, de liberté, de sortir
de notre captivité, Burning
Spear ! Tous !
Tu n'as pas choisi le chemin le plus facile pour commencer
; pourquoi avoir choisi le Reggae culturel à tes débuts,
alors que ce n'était pas du tout le style en vogue dans
les années 80 ?
J'ai été bercé
par ça, depuis tout petit j'écoute de la musique
culture. Tu sais, je me suis toujours considéré
comme un jeune africain et le reggae culturel a toujours été
ce qui me ressemblait le plus.
J'ai voulu préserver l'esprit du Chant (nyabinghi),
puis en fin de compte, je ne savais pas faire autre chose
que cela, et c'est bon parce que c'est une clé pour
garder les gens en vie. " Generation music "
.
Grâce
à ma musique, j'ai pu voyager en Afrique de l'Est pour
une tournée ; si je n'avais pas joué ce reggae,
je ne serais jamais allé au Rwanda,
en Ethiopie, je n'aurais
pas été à Jérusalem,
ni au bord du Jourdain,
je ne serais sûrement pas allé non plus en Allemagne,
en France, en Suisse,
dans toute l'Europe, où de plus en plus de gens veulent
me voir.
Penses-tu que le reggae culturel pourra tirer son épingle
du jeu, avec la nouvelle vague qui est franchement différente,
et tout ce business qui entoure le reggae ?
La vie m'apporte tous les jours,
et je sais qu'elle est bien meilleure que l'enfer ; aussi,
les choses sont simples sur cette terre : Les
bonnes choses vont de mieux en mieux, et les mauvaises de
pire en pire, alors je salue tous ceux qui sont
du bon côté.
Peut importe toutes les choses négatives que le système
enseigne aux jeunes par le biais de la TV, de la musique aussi
; tout ce système veut diriger les gens, et la musique
fait souvent avancer le monde à l'envers. Mais je garde
confiance, la vie passe et le bien est toujours là,
et pour toujours.
Il faut savoir un peu prendre des distances avec tout ça
; les gens aiment vraiment le reggae culturel maintenant,
et ils en ont besoin pour sauver leur âme ; et franchement,
quand tu vois les gens chanter, crier en concert, je ne peux
que penser que c'est du tout positif, que c'est un bénéfice
pour la planète entière. On doit préserver
ça, c'est comme le levé du soleil.
Est-ce que tu travailles
toujours avec Kariang ?
En ce moment le label Kariang
n'est plus aussi actif qu'il a pu l'être à une
époque, parce que Jah Mikes
est en train de tout restructurer, mais je peux enregistrer
dans les studios. Kulcha Knox est toujours là.
Les Français te
connaissent depuis la tournée que tu as faite avec
Terry Ganzy, Doniki et President Brown, quels souvenirs gardes-tu
de cette expérience ?
On a tous vraiment beaucoup aimé
cette tournée en France, moi et tout le reste du crew,
artistiquement c'était fort. Tous les gens qu'on a
rencontrés nous ont apportés de la joie, tout
à été vraiment positif ; et je tiens
à remercier Kariang qui nous a permis de faire de la
musique culturelle. Les gens en ont besoin, uknow ? Nous
allons bientôt revenir ; on se prépare.
Dans ce crew vous avez chacun votre style et votre personnalité,
est-ce qu'il n'y a pas des moments difficiles ? Quelles vibes
partagez-vous quand vous tournez comme ça ?
C'est vrai, on a chacun notre
personnalité, mais Rastafari nous uni.
Terry Ganzy, President
Brown, Donikiet Kulcha Knox, nos
quatre vies tournent autour de Fari,
Haile Selassie I, alors pour ce qui est de cette
tournée, franchement ça n'a été
que plus de force pour nous, c'est mémorable.
Avant ce tour, les français
te connaissaient pour le titre que tu avais enregistré
pour l'album de Pierpoljak, comment s'est passée votre
rencontre ?
Les amateurs en France me connaissaient
sûrement avant ce titre, parce que j'avais déjà
sorti un titre sur un album de Everton
Blender produit par Jack
Raddics sur Star Trail.
Pour ce qui est de celui que j'ai fait avec Pierpoljak,
ça a été quelque chose de très
important pour moi, et s'est venu naturellement. Kulcha Knox
en combinaison avec un artiste français, c'est bon
pour Kulcha Knox en France, et c'est aussi positif pour Pierpoljak
en Jamaïque. Ca nous fait avancer tous les deux, et c'est
une connexion de plus. En plus, cette chanson est vraiment
bien, parce qu 'elle parle de l'environnement, de garder la
terre propre, elle donne glorifie la lune, les étoiles,
la pluie.
Quand on a connecté Pierpoljak, il était au
studio Kariang et enregistrait avec Clive
Hunt, que je connaissais bien.
Tu sais, il y a une expression qui dit : la musique attire
la musique, et les artistes attirent les artistes. Pierpoljak
était en Jamaïque pour rencontrer des artistes
et ça s'est fait. C'est toujours plaisant de faire
de telles rencontres. Je me souviens, on s'est vu à
la sortie du studio, et il m'a dit qu'il aimerait enregistrer
un Special avec moi ; un titre qui lui servirait de promotion,
ensuite il m'a dit de quoi il voulait parler dans sa chanson,
et j'ai accepté de suite.
Est-ce que tu le vois quand tu es en France ?
Yea ! J'ai fait un concert avec lui
en France pendant sa tournée promotionnelle ; c'était
à Rennes. On s'est aussi revu en Jamaïque. Artistiquement
on partage réellement quelque chose et on est amis.
Tu as fait un tune avec SADE
aussi ? (Kulcha devient mélancolique)
Yea, la musique ... c'est naturel,
c'est comme la nature. Le soleil rencontre la lune (...) Toute la
journée tu as une mission quand tu fais de la musique culturelle.
Tout au long de notre carrière c'est comme ça, on
rencontre des musiciens, des artistes, et on arrive à faire
des chansons ensemble, spécialement celle là avec
Sade, produite par Ras
Bob.
Comment vous êtes vous
rencontré ? C'est pas dans la rue quand même ? Comment
vous êtes vous retrouvés dans le même studio
?
C'est notre tourneur européen
qui est basé en Angleterre, qui avait des connexions avec
Sade. Puis c'est pendant un voyage vers l'est, vers l'Angleterre
que nous nous sommes rencontrés. De retour en Jamaïque,
mon producteur Bobby me dit qu'elle avait appelé et qu'elle
aimerait faire une chanson avec Kulcha Knox. Ensuite on a préparé
tout ça, et ça s'est finalisé à Kariang.
RASTAFARI.
Tu es actuellement en tournée en Europe avec le Caveman
Sound. Est-ce que tu aimes travailler avec des sounds system
? Parce qu'en Jamaïque les nouveaux sounds tournent de moins
en moins avec des chanteurs ou des DJs.
Le Sound, c'est là que je me
suis formé et dévoilé à moi-même.
C'est ça qui m'a permis d'atteindre le niveau d'artiste international
que j'ai à présent. Comme je t'ai déjà
dit, la tradition ne change pas, on vient
de là ; les meilleurs artistes sont passés
par les sounds system.
Comment vois-tu les nouveaux
sounds system, qui jouent pour la plupart sans chanteurs ou DJs
?
Bien sûr, il y a en aussi qui
donnent de mauvaises vibes, mais les sounds et les artistes seront
toujours là. C'est vrai que certains sounds Dancehall ne
jouent pas avec des artistes, et tu y trouves moins d'âme.
La plupart des jeunes sounds ce concentrent sur la dance, les sounds
Dancehall, Juggling, ils ne jouent pas avec ses artistes. Les
Oldies étaient les meilleurs, et le sound est
là depuis toujours donc je ne m'inquiète pas.
J'ai lu quelque part que tu avais
joué avec U Roy pour le King Stur Gav
Sound ?
Cette époque est quelque chose
de mémorable pour moi. Tu sais .... Deejayer avec ton demi-père,
avec le GodFather, Yea ! Avec le roi, le King des DJs, il m'a dit
: " Kulcha Knox , tu es mon Original Dancehall Youth "
et j'ai rejoint King Stur Gav avec Natty
Pablo, Tony Rebel,
Sugar Black, Lebanchulah,
le jeune Bounty Hunter.
U Roy a influencé tellement d'artistes, mais nous, on a eu
le privilège de pouvoir le considérer comme notre
père et c'était vraiment fort de se retrouver avec
lui comme des jeunes rastas ; on est sur la même route, on
est de la même famille, de la même lignée. Je
comprends pourquoi ça s'est passé ainsi, parce que
c'était juste, vrai et simple.
Qu'est ce qu'il advient des sounds comme le King Stur Gav,
parce que ça doit être difficile pour eux face à
de gros sounds comme celui de Stone Love ?
Il y en a pour tous les styles en Jamaïque,
pour tout le monde. Tu as le Dancehall, et le Roots Rock Reggae,
tu as le public Dancehall , celui qui attend du son culturel, il
y a aussi un public Hip Hop ; mais en Jamaïque, c'est
la musique CULTURE qui apporte la joie et le bonheur.
Le Hip Hop ! ! ! il peut remballer. Il veut détruire les
gens sans culture, il ne laisse pas les gens en paix, il n'apporte
ni bonheur ni joie. C'est la musique culturelle qui arrive à
préserver les gens unis en Jamaïque, parce que même
quand c'est la guerre le reggae dit : " Police and thieves,
in the street... ", et même les jeunes d'aujourd'hui
dans les dancehall chantent " we
no want no war, no..."(écoutez
en realaudio)
Quels sont tes projets, parce que nous attendons un deuxième
album avec impatiente ?
Ca fait un moment que je n'ai pas enregistré,
et les gens attendent vraiment que je leurs fasse entendre le meilleur
de moi-même. Alors, comme je te disais tout à l'heure,
la compagnie Kariang est en pleine restructuration, et il doit y
avoir une suite à ce qu'on a commencé. Bientôt
vont sortir quelques 45T qui n'étaient pas parus auparavant,
et je dois vraiment travailler le plus possible sur mon prochain
album pour le finaliser. Ce sera un album naturel, avec des chansons
pour l'âme et pour l'esprit, de la dancehall, des chansons
traditionnelles, ce sera un mix de ma vie, tout le monde s'y reconnaîtra.
Et bien sûr, je reviendrais en
Europe. Je sens qu'il est temps pour moi de venir plus par-là. One Love, One Inity, comme rastafari nous
l'apprend tous les jours, Holly I Selassie I Jah RASTAFARI, Holly
Manuel I Selassie I, Jah RASTAFARI.