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Cela fait maintenant plus de deux ans que nous vous avions présenté pour la première fois le KING FARI Sound System.
Créé dans la capitale lors de l'année 94 le King Fari Sound a fait ses armes petit à petit jusqu'à devenir un sound incontournable.

Pourtant, depuis près d'1 an on entend plus trop parler de Daddy K, DreadLion et Shocking Murray sur la capitale. Pas que le King Fari se soit éteint, bien au contraire ! Ils activent en d'autres terres. Nous vous proposons de faire un point sur leurs activités des derniers mois avec Dread Lion.
L'année passée, vous avez joué plus souvent à l'étranger qu'en France. Pourquoi ?
C'est vrai que nous n'avons pas assez été très présent l'année dernière. On a pu nous voir tout de même à l'affiche de quelques gros événements, notamment lors des deux passages de David Rodigan à Paris. Le 14 février, nous avons fais un show à Rennes avec King Original de Londres, la salle était comble et les vibes excellentes, le public était vraiment chaud. Mais pour le reste, il est vrai que nous avons joué surtout joué à l'étranger, dans plusieurs pays européens (Suisse, Hollande…) mais en premier lieu l'Allemagne. Nous y avons d'excellentes connexions avec les principaux sounds allemands avec lesquels nous jouons régulièrement. Du coup nous bénéficions là bas d'une réelle popularité, alors que c'est le cas dans une bien plus petite mesure dans notre pays. Et comme nous jouons souvent là bas, nous avons récemment eu la surprise de découvrir sur un flyer d'une soirée où on était annoncé KING FARI from Germany ! Alors que lorsqu'on joue en Allemagne c'est KING FARI from France ! Au début cela nous perturbait un peu. Mais maintenant on s'en fout. Les gens on toujours besoin de mettre des étiquettes. Lorsqu'on a eu la mauvaise idée de dire que nous étions parisiens, pourtant notre ville d'origine, nous avons eu certains sounds de la Capitale qui nous sont tombés dessus pensant qu'on risquait de leur faire de l'ombre. Du coup, je crois qu'on peut nous qualifier de véritable sound européen puisque nous sommes d'ailleurs toujours sur la route et pas attaché à un lieu voir même à un pays. Et en plus, cela correspond tout à fait à l'esprit que l'on véhicule, transgresser les frontières et les différences à l'aide de la musique.

Vous avez participé aux deux premières éditions du championnat de France des sounds system, mais pas cette année. Pour quelles raisons ?

Il y a plusieurs raisons. Dès la première édition nous avions senti que cela ne collait pas vraiment avec notre musique. Mais nous voulions soutenir l'initiative qui nous trouvions positive, car en dépit de tout ce qui a pu être dit, c'est quand même un boulot énorme de mettre cela en place et cela méritait d'être soutenu. Tout d'abord, nous tournons régulièrement avec notre chanteur Shocking Murray qui intervient lors du show toute les 4-5 chansons pour faire des specials en live. La première année c'est ce que nous avons fait, nous n'avons joué que des dubplates et avons fait du live, c'est à dire nos morceaux, 100 % original vibes. Or le jury nous a éliminé au premier tour car les chanteurs n'étaient pas autorisés, bien que cela ne ressortait pas explicitement du règlement. Ensuite, nous avons banni les " clashs lyrics " de nos dubplates, les textes ne sont pas tournés sur qui est le meilleur sound, mais sont travaillés et sont porteurs de messages qui nous tiennent à cœur et qui sont travaillés, dans la mesure du possible, avec l'artiste. Or, cela n'est pas l'idéal dans une compétition, où il y a très peu de temps et les morceaux sont joués vites, c'est les 20 premières secondes qui sont les plus importantes, le riddim et pas les textes qui passent totalement à la trappe. La répartition du temps est également inadaptée à notre style. Les passages des sounds system sont courts. Or, nous sommes un sound system roots & culture. Nous avons besoin d'un certains laps de temps pour amener les gens dans une vibes particulière. Nous ne jouons pas de boggle, des hits dancehall à la mode. Du coup, cela prend un certain temps. Cela c'est la raison musicale.
Mais il y a d'autres raisons. En fait, il nous a paru que les gens en France n'étaient pas vraiment près pour cela. Car au lieu de créer un mouvement, ces idées de compétition ont eu tendance à rendre les gens agressifs. Les sounds system entre eux parfois, les massives également. Un tel à gagné alors qu'il aurait pas dû, et hop, les insultes voire les bastons qui démarrent. Nous avons nous même été victime d'une agression lors de la deuxième édition du championnat, à la suite d'une embrouille qui ne nous concernait pas mais qui a dérapé. Ce n'est pas cette esprit qui nous anime et lorsque nous avons vu l'agressivité physique mais également verbale qui régnait, nous avons décidé de ne plus continuer. Mais cela reste une bonne initiative, que nous continuons de soutenir, même si nous ne participons pas. Espérons seulement que les choses se mettent en place petit à petit.

A vous écouter vous semblez assez déçu de l'ambiance qui règne dans le milieux des sounds system ?
Plutôt, oui. L'esprit qui règne dans le milieu est très loin de l'esprit reggae, positif et de respect de l'autre. Paradoxalement, d'ailleurs. En face, c'est " bless ", " Rastafari " etc…, puis dès que tu as le dos tourné, les mêmes gens qui t'ont salué vont essayer de te casser et de te mettre des bâtons dans les roues. Chaque fois qu'il y a une bonne initiative, tu vas trouver autant d'énergie négative pour la contrer. Nous mêmes nous avons toujours été très corrects avec tout le monde, mais nous n'avons pas toujours récolté ce que nous avons semé. Si tu n'as pas l'esprit de bad boy, certains ne te respectent pas. Un gros sound francais, dont je tairais le nom (mais s'il lisent cela, ils se reconnaîtrons), nous a ouvertement manqué de respect en ne respectant pas leurs engagements envers nous. Et tout cela dessert totalement la cause du reggae, car si on marchait tous ensemble on pourrait faire avancer les choses. Si en France, les gens s'aidaient un peu, le reggae pourrait être bien plus loin qu'il l'est à l'heure actuelle! Comme c'est le cas en Allemagne, où le mouvement est en avance de 10 ans sur la France. C'est pour cela que nous y sommes fréquemment, que nous y jouons avec grand plaisir. L'organisation de sounds system est encore obligé de se faire à la vibe, puisqu'elle est encore dans l'underground. On doit compter sur les links entre les gens pour que les choses avancent. Mais en ce moment, cela ressemble un peu à une meute de chiens qui se disputent un os déjà pas bien garni. Espérons que cela changera rapidement. Car la scène française a un très grand potentiel. Il reste des gens biens, avec un bon esprit et beaucoup d'énergie. Essayons de mettre à profit ces bonnes vibes, et tous le monde sera content, le public car il y aura plus d'événements, de meilleure qualité, mieux organisés, mais également les sounds system car si le public se sent mieux, il viendra plus nombreux. Puis en dernier lieu, les promoters suivront car ils seront en confiance, les salles de concert également, qui à l'heure actuelle restent très réticentes, surtout à Paris, pour louer leurs lieux pour des évènements sound system. C'est Anthony B qui le disait très bien dans son titre " Waan Back ", retrouvons les bonnes vibes dans les dancehalls

DREADLION KING FARI SOUND / Rubenxela

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