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Comme à chaque édition, nous rendons hommage à un artiste qui a fortement marqué le reggae.
Celui que nous avons choisi cette fois-ci n'a pas eu une carrière très longue, sa vie ayant été tragiquement interrompue lors de sa 29ème année. En 10 ans, il a réalisé 96 singles et quelques albums, mais surtout, il a apporté une nouvelle dimension au reggae moderne.
Dans les années 90, il a été le pilier du renouveau du reggae conscious et du retour du chant en Jamaïque, à une époque où les DJs volaient la vedette aux chanteurs, et où les badman lyrics étaient prédominants dans les productions yardies.
Vous l'avez certainement compris, c'est de Garnett Silk dont il s'agit.

Garnett Dayman Smith a passé toute son enfance à Mandeville, paroisse de Manchester, dans le cœur de la Jamaïque, loin des ghettos de Kingston.
Il est né le 02 avril 1966, dans le district de Brumalia, quelques jours seulement avant la venue en Jamaïque de Haile Selassie I Ras Tafari, qui quelques années plus tard laissera une empreinte indélébile sur sa vie et sur son œuvre.

Même s'il avoue lors d'une de ses rares interviews ne jamais avoir aimé l'école, il poursuit tout de même sa scolarité jusqu'à la fin du collège sans trop de difficulté. Mais pour Garnett quelque chose a plus d'importance : le son. Comme la plupart des jeunes jamaïcains de la fin des années 70, il est amateur de reggae, et il fréquente les sounds system locaux. Très vite, la musique devient une passion, et il s'essaie même de plus en plus souvent à toaster comme le font ses aînés.
C'est l'année où les deux 7 se sont clashés (1977), que Garnett, encouragé par sa famille et ses amis, prend pour la première fois un micro en public
.


Ca se passe lors de la fête de son Collège d'Hatfield, où le sound system Girls Soul Disco (aussi connu sous le nom Soul Remenbrance) se produit comme chaque année. Dès que l'occasion se présente, Garnett ne la rate pas, et se lance dans un toast enflammé, à la manière des grands Djs de l'époque. Surpris par l'enthousiasme et le talent de ce jeune, Teddy le propriétaire du sound, lui propose alors de revenir jouer dès qu'il le voudrait. Garnett le prend pour dit, et c'est par le nom de LITTLE BIMBO qu'il y prend sa place. A partir de ce moment là, sa passion pour la musique prend le pas sur tout le reste, notamment sur l'école qu'il arrêtera en 1980 ; sa détermination pour faire du reggae et pour tenir un micro est alors sans faille.
C'est également à la fin des années 70, qu'il rencontre celui qui deviendra son meilleur ami, son producteur, son conseiller, Delroy "Callo" Collins.
C'est Teddy qui lui présente, alors qu'il souhaitait qu'il ait des expériences avec de plus gros sounds (Callo avait déjà quelques connexions), très vite ils deviennent inséparables.
Sous les conseils de Teddy et de Callo, Garnett décide d'aller tenter sa chance ailleurs, il passe alors des auditions dans des sounds et des clubs de Mandeville, et c'est au Club Pepe Hide's Out qu'il pose son dévolu et devient DJ résident pour plusieurs années, il a 15 ans.

Contrairement à ce qu'on croit souvent, Garnett n'a pas enregistré son premier disque en 1988 chez Sugar Minott. 4 Ans avant, alors qu'il était encore à Mandeville au Pepe Hide's Out, il enregistre sous le nom de DJ BIMBO son premier titre en studio, "Ram Dance Master", qui ne sortira jamais. Et c'est en fait en 1985 qu'il enregistre son premier single, "Problem everywhere" sur le label TRACK, que Callo vient de créer.
Mais en ce milieu des années 80, Garnett commence à se lasser du DJ style et de la tournure que prennent les lyrics des autres Djs, il souhaite devenir chanteur.
A cette époque, il a une certaine notoriété dans sa région, mais il n'est qu'un petit Dj parmi tant d'autres ; il n'a pas encore vraiment de style, d'originalité, ni dans la voix, ni dans les lyrics.

C'est à partir de l'année 1986 que Garnett commence à trouver sa voie, en rencontrant son mentor, le Dub Poet YASUS AFARI, qui lui enseigne alors pendant de longues heures les profondeurs de la philosophie rasta, celles que Garnett parviendra ensuite à transmettre dans les paroles de ses chansons.
En 1987, résolument mis au chant et fort de nouvelles convictions, il part pour Kingston, où il a quelques contacts grâce à Callo.
Très vite il suit les traces de nombreux chanteurs, et se retrouve à Maxfield Park Square, chez Sugar Minott au studio Youth Promotion, où il reste habiter quelques mois.


Les plus grands chanteurs des années 80 sont passés par le Youth Promotion, Junior Reid, Yami Bolo, Nitty Gritty, Tenor Saw, pour n'en citer que quelques-uns uns, c'est alors en toute logique que Garnett y fait ses premières armes à Kingston. SUGAR MINOTT , que nous avons récemment rencontré, nous disait que quand Garnett est arrivé chez lui, il avait un talent énorme, et il n'a pas eu à lui enseigner grand chose, seulement lui donner les moyens de faire sortir cette force, et de l'aider à devenir ce qu'il devait devenir.
Fin 1987, il enregistre donc pour Youth Promotion, son premier titre chanté "No Disrespect", toujours sous le nom de Bimbo ; puis début 1988 suivra "Run Rude Boy" chez Jammys.
Ces titres qui ne connaîtront pas un réel succès sont tout de même surprenants, parce que Garnett est encore dans une phase de transition entre le toast et le chant, d'ailleurs Callo n'est pas convaincu par ce style qu'il trouve encore trop rapide, trop proche du DJ style. Ce n'est qu'en 1990, que Garnett trouvera son genre propre, son nom, sa force.
Garnett Live in Japan

Pour l'anecdote, c'est dans la voiture de Callo que la suite de sa carrière s'est déterminé, alors qu'il veut juste faire écouter à son ami quelques titres qu'il a enregistrés sur un riddim en vogue à l'époque.
La cassette commence avec une version en DJ style qui ne surprend pas vraiment le patron du label Track, et derrière ça, sur le même riddim, Bimbo reprend le mystique "Chant Down Babylon" de Bob Marley. Callo est stupéfait et rembobine la bande de suite pour la réécouter ; Garnett " Bimbo " Smith avait trouvé sa voix, celle qui devait lui donner son nom Garnett Silk, et qui deviendrait un style, le Silky Mood, la voix de soie.
Décision faite, il adopte ce nouveau nom et commence à travailler ce style de chant. Sa carrière prend alors un tournant. Avec sa voix de soie, même s'il n'a pas encore eu de hit, son originalité seule suffit à lui ouvrir les portes de tous les plus grands studios.
A partir de là, Garnett va rapidement devenir une force incontestable du reggae Jamaïcain, un référent pour toute une jeunesse à la recherche d'une identité, d'une culture.

Pendant les années 1990 et 1991, Garnett Silk fait son apparition dans les charts nationaux, il n'a pas de francs succès, mais son style commence de plus en plus à faire effet. Il enregistre de nombreux singles, dont "I'm a musician" et "Juk and Jump up" pour Derrick Morgan (titres que l'on peut retrouver sur l'album Garnett Silk & Tony Rebel ina Dancehall Conference, Heartbeat, 1994.). Au court de ses sessions de studio, il rencontre aussi beaucoup de gens, dont Steely & Cleevy, avec qui il enregistrera en 1994, deux de ses plus beaux hits : "Love is the Answer" et "Skylarking".
Ce n'est en fait qu'en 1992, que vient son premier gros succès à Yard, avec un titre clairement rastafari, " Hello Africa ", sur le riddim Smile. Cette chanson, aujourd'hui un classique, a tourné sur les platines de tous les sélecteurs de la planète, et a aussi été de nombreuses fois cutée en dubplate, on se souvient notamment du "Hello Bodyguard". C'est à partir de ce premier hit que Garnett va être le plus productif de sa carrière, tant en quantité qu'en qualité.
Durant l'année 1992, il sort des perles comme, "The Rod" pour Digital B sur le riddim Mr Bassie, "Seeing Zion" pour Black Scorpio sur le riddim friends 4 life, le "Complain" sur le Tempo riddim pour Penthouse, mais aussi le "Nothing can divide us" ou le terrible "Mama" ... , que des balles ! et je n'en cite que quelques-uns uns.
Fin 1992, il sort sur le label américain VP, son premier album It's Growing, sur lequel on retrouve les magnifiques "Bless me", "I'm Vex" ou "It's Growing" produits par Bobby "Digital B" Dixon.
Après cet opus, sa carrière prend une tournure internationale et il donne des représentations un peu partout dans le monde (même si on l'a plus vu au Japon et aux Etats-Unis qu'en Europe).
En 1993, il signe un contrat de distribution chez Atlantic / Big Beat, qui s'occupe alors de rééditer ses plus grands hits dans deux compilations : Gold et 100% Silk .
En 1994, il enregistre son album Love is the Answer avec Steely & Cleevy et fait un malheur au Reggae Sunsplash où plus de 10 000 briquets s'allument simultanément sur "Kingly Character".

 

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HELLO AFRICA
mama africa, mama africa
i'm a coming home, coming home

chorus
Hello Mama Africa, How are you? I'm feeling fine, and I hope
you're fine too
hello............I hope when you hear these words your greys
turn blue

I'm saying these words to let you know
how much I care, and I wont let go
even though we're oceans away
you're with me day by day

memories of you keep flashing through my mind
the very thought of you makes my time

chorus

don't you worry now, I wont be long
see paradise I'm coming soon
when I'm with you I can't be wrong
if not in May, then you'll see me June

Chorus

The sweetest things are there to be found
the golden sunshine the wind blows around
the fresh vegetation which comes from the earth
oh Mama Africa, you let me know, what life is worth
Hey!

chorus

I just happened to be tuned into the vibes at the time
Keep them alive, and good luck at your performance

. Le petit Bimbo de Mandeville, est à l'apogée de sa gloire. Il enchaîne hits sur hits, il est en tête d'affiche des plus gros évènements de Jamaïque, de nombreux chanteurs cherchent à le copier et de plus en plus de Djs se mettent au chant culturel, mais personne n'arrive à surpasser le style et le charisme de l'artiste le plus talentueux de sa génération et de son Silky Mood. Plus qu'un chanteur, il est considéré par le public et par ses pairs comme un messie. Certains voient en lui un nouveau Bob Marley ; il est devenu l'espoir d'une nation et de milliers de jeunes sur toute la planète


En dehors de sa carrière Garnett est un rastaman paisible, mais aussi un père de famille. Avec Novlyn, sa femme, ils ont déjà trois enfants et en attendent un quatrième.
Malheureusement, un jour de décembre, alors qu'il était tranquillement chez sa mère, entouré de sa famille, la violence dont il avait toujours été à l'écart l'a rattrapé et frappé de plein fouet.
C'était le 10 décembre 1994, il y a 7 ans ; des hommes venus de nulle part débarquent brusquement et se mettent à tirer sur tout ce qui bouge avec la ferme intention de descendre quelqu'un. Certains membres de sa famille dont son frère Aaron, sont blessés et tombent à terre. Soudainement, une explosion ! Plusieurs balles perdues ont touché la réserve de gaz. La maison s'enflamme à vive allure. Sans réfléchire, Garnett se jette dans les flammes pour sauver sa mère qui se trouve alors dans le brasier. Ils n'en réchapperont pas, on les retrouvera, mère et fils, enlacés.

Personne ne semble connaître les vraies raisons de cet attentat, et les rumeurs les plus vives vont bon train : règlement de compte politique, embrouilles de quartier ... on ne s'attardera pas là dessus, car les rumeurs restent ce qu'elles sont. Only Jah Know.
Garnett Silk est à présent une légende, un mythe, il a produit quelques-uns unes des plus belles chansons de l'ère moderne du reggae, mais surtout, il a su élever les consciences bien au-delà de ce qu'ont fait bien des politiciens, des chefs de guerre, des curés ou des rumeurs. JAH BLESS HIM.

© Jahmusik.net - Rubenxela - Hutch - 12/2001

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