J'ai
entendu dire que vous sortiez du conservatoire ?
Fotis
: Une partie ouais. En fait Hugo a
fait huit ans moi cinq ans et Isée trois ans.
Moi c'était batterie, Isée guitare et
Hugo à la flûte traversière.
Comment
composez-vous ?
Hugo
: On commence à bien composer
tous ensemble ; on essaye d'apporter chacun notre truc
.
On a quand même nos rôle définis,
c'est clair que Fotis s'occupe surtout des lignes de
basses, qu'Isée s'occupe des lignes de batterie.
Fotis : Mais pour
tout ce qui est mélodie c'est quand même
Hugo qui fait la plus grosse partie du travail, clavier
et arrangements.
C'est aussi lui qui compose une grande partie des textes,
l'autre partie revenant à Julian.
Pour ce qui est des titres du maxi, on a réussi
à tous travailler bien ensemble tant dans la
musique que dans les textes, on donne tous notre avis,
on essaye de se guider l'un ou l'autre sur ce que l'on
préfère.
Autre
chose de surprenant, vous jouez depuis presque 5 ans,
mais vous semblez jeunes. Vous avez quel âge ?
On a tous vingt ans à peu près.
Isée est la plus ancienne, elle a vingt-deux.
Respect vous êtes des Youth
raggamuffin vous !
Julian
votre Singjay n'est pas là aujourd'hui, mais
pouvez vous nous parler de son parcours dans la musique
?
Julian vient de Mons en Belgique ; Il a débuté
avec un groupe de Hip hop qui s'appelait Métaphysique.
Il a commencé assez jeune, à 14 ans je
crois. Après il a continué à faire
du ragga, puis à force de rencontrer des roots,
des dreads, il a un peu dévié du système
hip hop et a plus investi sa voix au niveau du reggae
ragga.
C'est ce qui fait son charme, il mélange les
styles, ça va du reggae roots au ragga en passant
par le dancehall. Il a une bonne voix bien polyvalente.
Vous
en êtes où au niveau des productions ?
Pour l'instant on a sorti, un maxi cinq titres, auto
produit au mois de décembre 2001, avec les moyens
du bord. On a enregistré à St Etienne,
au studio de la Dub incorporation avec Ben Jouve
et masterisé au studio de Bangarang par
Kobé.
Quels
sont vos projets actuellement, vous pensez à
un album ?
Il y en a pas mal ! Déjà notre objectif
c'est de devenir pro, donc c'est de tourner, de manger
de la scène, d'essayer de faire une centaine
de concerts.
Sinon, pour ce qui est de l'album, on envisage
de commencer quelque chose de sérieux cet hiver,
on est bien motivé. Pour la réalisation,
on continuera toujours de manière autonome, et
on risque de travailler dans un studio en Ardèche.
On veut pas fonctionner avec des majors, c'est surtout
ça. On veut pas engraisser l'industrie du disque,
notre objectif c'est pas de sortir un truc commercial.
On veut quand même garder un concept où
dans lequel on puisse continuer a jouer nos lyrics et
notre musique comme on le veut. A partir de là,
on sait que si on signe chez une major ou même
chez certains label on aura pas cette exclusivité.
Donc voilà ! l'album ça sera pour l'année
prochaine.
En
projet, mis à part Forward, avec la section en
fait, il y aussi pas mal d'artistes qui nous ont proposé
de travailler avec eux.
On vient d'enregistrer un autre 4 titres avec un groupe
de musique traditionnelle de Casamance (Sénégal),
il s'appelle Kalone (Youssou Mane). Cet orchestre
est très connus là bas et commencent de
plus en plus à faire son chemin en France. En
fait on vient de lancer avec eux un concept dans lequel
notre section vient se greffer à leur orchestre.
Ca va peut être nous ouvrir des portes pour des
tournées or de France, et créer des connections
pour la section Forward ; en tous cas jusqu'à
présent c'est une excellente expérience
et le résultat est plutôt original. On
s'est produit avec eux cet été au Jamaican
Sunrise de Bagnol sur Cèze.
On va aussi peut être travailler aussi avec un
artiste de Paris qui s'appelle Little Dan. On
l'a rencontré lors d'un concert et il va bientôt
sortir son maxi ou son album. Apparemment il signe chez
Universal, et comme il travail avec des musiciens qui
sont très demandés, donc peu dispos, il
se peut qu'il ait besoin de nous s'il fait des tournées
sur Marseille ou la région. Mais ce n'est encore
qu'à l'état de projet, et on espère
que ça va pouvoir se réaliser.
Sinon il y a aussi l'association, FWD, avec laquelle
on organise des Sounds System. Le kiff avec l'association
c'est de faire des connections avec des crews et de
pouvoir tisser un réseau pour s'entraider entre
nous. Se promotionner les uns les autres .
Pour
l'instant vous vivez de quoi ?
On essaye de vivre de la musique, mais on est obligé
de faire des petits boulots.
On est obligé de travailler un peu à mi-temps,
et pas toujours dans des tafs bien légaux (rire).
En fait on se démerde. Pour l'instant c'est pas
encore plein temps, mais c'est ce qu'on aimerait arriver
à faire. Trouver une structure carrée,
style manageur, tourneur qui nous encadre pour nous
faire passer au moins intermittents et pour nous faire
rôder la scène, en France, et à
l'étranger tant qu 'à faire.
Vous avez joué à
pas mal d'endroit en France puis en Espagne, quelle
a été la plus grosse scène que
vous ayez faite ?
Cet été on a joué avec Kalone au
Jamaican Sunrise, c'était massif. Sinon
avec Forward on a déjà fait une scène
de 1 200 personne au Hall C à St Etienne,
et avec notre ancien groupe, Streety, on a déjà
joué devant 10 000 personnes au festival U
Zona en Espagne. Mais c'est pas une question de
nombre, c'est une question de scène et de vibes.
Votre
meilleur souvenir ?
Le meilleur souvenir ! Pour le moment, c'est au hall
C. Niveau ambiance, accueil, entente avec les groupes
c'était fort. Le truc c'est qu'on fait beaucoup
de 1er parties ; c'est comme ça qu'on va se faire
connaître, mais on voudrait aussi faire de plus
en plus nos propres concerts.
Où
puisez vous votre inspiration ?
Elle est jamaïcaine avant tout, elle est
dread. Sur un plan groupe français on a des influences
comme Raggasonic, Tonton David, des gars
comme ça ; sur un plan jamaïquain ou anglais,
ça peu aller loin, y a beaucoup d'influence comme
Mad Prof
..
On essaye d'écouter un peu tout dans le reggae,
et de prendre ce qui nous plait et d'y rajouter notre
touche, sans reproduire. On varie les styles, on passe
du roots au ragga, un peu dancehall aussi. Tout en sachant
que l'on est que trois musiciens donc que ça
sera toujours un peu limité quelque part.
.
Quels sont les messages que vous véhiculez
dans vos chansons ?
Il y en a plein en fait! A la base, si on est parti
dans la musique c'est parce qu'on ne voulait pas rester
dans un système de ville qui fini par te nuire,
dans le sens où tu es trop un instrument du système.
Après, il y a différents chemins à
pendre et la musique c'est pour nous un moyen d'essayer
de faire passer notre message. Comme une lutte
. On essaye de rester engagé, que ce soit contre
les conflits des peuples, ou contre la suprématie
du pouvoir de l'industrie. AU CHIOTTE LE CAPITALISME.
(rire).
Il faut pas tomber dans les clichés non plus.
En fait, on est contre la discrimination, quelle
soit raciale, sexuelle, religieuse.
Il y a beaucoup de groupes qui cartonnent qui te racontent
des trucs commerciaux.
Ils te font du pseudo militantisme à deux francs.
Il y en a plein qui vont crier jah rastafari mais qui
vont pas avoir de lien avec ça en fait. Les gars
ils sortent de la Bretagne par exemple, sans viser personne
! Jah rastafari c'est le retour en Ethiopie tu vois,
et eux ils sont en aucun cas concernés par ça.
Nous on est né dans un pays d'oppresseurs, même
si on ne l'a pas choisi, mais on n'a pas à ce
mettre à la place des oppressés. Nous,
même si on est dread, on ne se dit pas rastafari.
On a notre combat de dread, et on a pas notre place
dans le leur.
Un
tuc à dire en particulier sur vous ?
Le nom, Forwad ça veut dire " de l'avant
" nous on veut essayer de rester fidèle
à cette image, du moins, en essayant d'avancer
tout le temps et que ça dure le plus longtemps
possible. Nous on veut en faire notre vie, on est pas
encore professionnel, mais ça doit rester un
kiff avant tous. Parfois il faut rester sur de son choix
et pas lâcher le morceau.
On dit ça, et en même temps on est conscient
qu'on a que 20 ans, et on sait pas ce qui viendra dans
dix ans. Mais notre objectif, dans Forward, c'est pas
de péter la baraque pendant un an et de disparaître
après. On veut durer et ne pas aller trop vite
pour ne pas se casser la gueule trop vite. Prendre le
temps de trouver notre style. On commence juste à
trouver le style Forward. On essaye aussi de ne pas
dire toujours les même trucs dans nos chansons,
de varier les thèmes. Mais à quatre, avec
un seul lead vocal, c'est pas facile de beaucoup varier.
Vous
avez quitté Paris pour l'Ardèche, ça
se passe comment le reggae là bas ?
Il commence à faire sa place, mais reste assez
festif. Le ragga, comme nous on le joue, underground
ou dancehall, sur des riddims jamaïcains, ici ils
sont pas trop open à ça.
Ils découvrent tout juste la culture sound system.
Dans les grandes villes les sounds sont beaucoup plus
grands et nombreux. C'est tout autre chose. C'est parce
qu'en fait il n'y a pas assez de jeunesse. En
fait la jeunesse se barre. Pour que les gens aiment
il faut leur faire écouter des sounds de qualité,
c'est ce qu'on essaye de faire quand on organise quelque
chose.
La qualité avant la quantité. Que
ce soit dans le spirit ou dans la qualité de
la musique !
Forward
/ Cdrik pour Jahmusik.net
Si
vous souhaitez vous procurer le CD 4 titres de FORWARD,
les faire tourner ou juste en savoir plus, vous pouvez
les joindre au 06 77 13 47 62.
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