Si
le reggae est aujourd'hui entrain de connaître une heure de
gloire, il ne faut pas oublier que certaines personnes ont posé
les fondations, bien avant même que la plupart d'entre nous
ne soyons nés. Après vous avoir présenté
quelques mythes parmi les DJs jamaïcains, dont UROY ou encore
JOH WAYNE, nous vous présentons cette fois-ci celui qui fût
un des pionniers aux côtés de UROY et pour être
plus précis même, face à lui, car ils étaient
rivaux, l'un à Treasure Isles l'autre à Studio One,
chacun avec un style original et official. Nous avons le plaisir
de vous présenter une interview de l'original DENNIS ALCAPONE.
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Comment
as tu commencé à t'impliquer dans le reggae?
J'ai commencé avec El
Paso HI FI ; c'était mon premier sound
system, je l'ai fondé avec Winston Cameron
à la fin des années 60. On habitait à
Kingston 13, et je te garantie qu'à cette époque
c'est nous qui faisions la loi dans tout le secteur,
"No sound test". C'est de la que je
viens, El Paso Sound System
Quelles
ont été tes premières influences? Pompadou et U
Roy. Pomapadou jouait dans le sound Keyntone
et il avait l'habitude de dire "this is Keyntone
sound from the other side of town", il avait énormément
de style, beaucoup de personnalité ; sur scène
aussi d'ailleurs, toujours à bouger dans tous
les sens.
Après l'époque
des sounds est venu celle des enregistrements et tu
as été en studio pour la première
fois avec Duke Reid, pour enregistrer EL PASO !
Non mon premier producteur a été Keith
Hudson et mon premier disque s'appelait Marker
version ; en fait elle est devenue El Paso plus
tard sur un autre riddim. A cette époque mon
premier hit a été Spanish Amigo
pour Keith Hudson sur le label Envidence. Ensuite
j'ai fait "Shades of Hudson" et quelques
autres titres pour lui tous sous mon vrai nom Dennis
Smith et après je suis allé à
Studio One chez Coxsone.
Peux
tu nous expliquer comment travaillait Duke Reid ?
C'est un excellent producteur, très consciencieux.
Cet homme est vraiment perfectionniste, il veut toujours
que tout soit carré. Très professionnel.
Comment
as tu rencontré Coxsone ?
A l'époque, les deux plus grands studios
de Jamaïque étaient Treasure Isles
et Studio One. U
Roy était à Treasure Isles, je me
suis alors rendu à Studio One.
Pour coxsone avait les meilleurs riddims ; et tu
sais, quand tu es dans une compétition, si
tu chevauche un âne tu ne peux pas gagner,
il te faut un bon cheval et Studio One avait les
meilleurs, la meilleure équipe.
Mon premier titre pour lui a été Nanny
Version, puis on a sorti l'album For Ever
version. Il y a eu des histoire autour du titre
Nanny Version. Un jour, Duke Reid vient me
voir, il avait entendu dire que c'était U
Roy qui avait composé ce titre, ce qui était
absolument faut. Tout ça c'était parti
d'une rumeur à cause d'un type qui avait
confondu. Je me souviens, un jour j'étais
Downtown Kingston quant un gars
m'appelle
au loin de son camion et me dit "Hey ! tu
as vu U Roy a sorti un pure tune, il s'appelle Nanny
Version" . J'étais vraiment surpris
mais je n'ai rien dit, du coup ça a fait
le tour de Kingston.
Et en fait, Duke Reid voulait que je revienne chez
lui. Il était en compétition avec
Coxsone ; ils l'ont toujours été.
C'était la même qu'entre moi et U Roy.
Ils
se voyaient ou pas ?
Oui oui il se connaissaient et étaient respectueux l'un
envers l'autre.
En
1973 tu t'es rendu en Angleterre pour une série de
concerts et tu y es resté !
A l'époque il commençait à y avoir de
plus en plus de violence dans les dancehalls. La police était
sans arrêt en train de mettre le souk dans les sounds
system ; quant ce n'était pas eux, c'était les
soldats, ou encore les Bad Boys ... Quand je suis arrivé
à Londres, j'ai fait une tournée de 6 semaines
puis je suis retourné en Jamaïque, puis j'ai regagné
l'Angleterre en 1974 pour
le Jamaica Showcase. A l'affiche tu avais Dennis Brown
Toots and the Maytals, Cinthya Richards, Al Brown et Sly
(Dumbar), il jouait avec le backing band Skin Flesh and
Bone.
Durant la tournée on a rencontré un promoteur
de là bas, Admiral Ken, il nous a demandé
à moi, Dennis Brown et Desmond Decker de faire un show
pour lui à Westham (Londres) à L'Empire Balroom.
Le soir de ce concert Bob Marley
est venu avec Famillyman et son frère Carlton.
Ils étaient en backstage et quand je faisais mon show
j'ai fait venir Bob Marley sur scène, c'est un super
souvenir.
J'ai
entendu dire qu'un jour un gars t'a donné un
revolver et qu'en même temps un flic que tu connaissais
vient te voir pour t'inviter à boire un coup
... c'est une vraie histoire ?
Oui bien sur. A cette époque j'avais un ami,
Ray Symbolic, il
adorait les flingues et il avait toujours un 22 sur
lui. De temps en temps il m'arrivait de devoir lui garder
et un jour
où
c'était le cas, j'arrivais dans mon quartier
quand tout à coup je vois au loin deux vilains
flics ; j'ai eu de la chance parce que j'ai réussi
à me séparer du gun sur Bolleton Avenue
avant que je ne les croise. Arrivé à leur
niveau, un des policiers me dit : " je m'appelle
Franck O'Niro, Tu es Al Capone , Respect, bon tu n'as
pas de flingue, vient boire un coup avec moi !"
Comment
tu as fait pour avoir ton accident de moto en 1973 ?
Je revenais de ma tournée en Angleterre, j'étais
sur ma moto avec ma copine et je rentrais chez moi.
Mais je ne voulais pas que ma mère la voie alors
j'étais obligé de rentrer tard le soir
et de repartir tôt le matin. Donc ma copine était
derrière, je la ramenais chez elle un matin et
j'ai percuté un bus. La fille est passé
par dessus moi et s'est retrouvé au milieu de
la route, moi j'étais complètement dans
les vapes. Quand je me suis réveillé,
j'ai entendu un type dire qu'il fallait m'emmener à
l'hôpital, mais bon plus de peur que de mal
Comment les jeunes te perçoivent
t'ils aujourd'hui ?
Tout le monde me connaît. Les jeunes dès qu'il
me connaissent me montre beaucoup de respect j'en suis flatté.
Récemment c'est Lieutenant Stichie qui est venu me
voir et m'a dit : "Big Man, Nuff respect man".
As
tu des projets d'enregistrements à venir ?
Oui j'ai un album que j'ai réalisé avec Mafia
& Fluxy à Londres, je le produit moi même.
Puis je suis sur un autre projet mais là je suis tout
seul. Tu sais que j'ai produit Dennis Brown et Delroy Wilson.
Mon label s'appelle House Door.
Un
message pour les français ?
Big Respect pour tous les gens ici, je les aime beaucoup et
j'ai hâte de les revoir sur scène.
DENNIS
ALCAPONE / Hutchinson - JAHMUSIK.net - photos Jahmusik