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- AT THE BEGINING
- Du Sound à la Prod
- STUDIO ONE

- Duke Reid
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Vous êtes tous déjà certainement au courant, Clement Coxsone Dodd, un des pères fondateur de la musique Jamaïcaine moderne, est décédé à Kingston le 5 mai 2004, à l'age de 72 ans.
Plus qu'un simple producteur, Coxsone a toujours été un pionnier, un de ces hommes sans qui l'histoire n'aurait pas été ainsi.
Souvent copié mais rarement égalé, il laisse derrière lui une production considérable ; tous les plus grands artistes Ska, Rocksteady, Reggae, sont passés par chez lui, au 13 Brentford Road, à STUDIO ONE.

AT THE BEGINING
Clement Seymour Dodd est né à Kingston le 26 janvier
Clement COXSONE Seymour Dodd
1932,fils de Benjamin Dodd, un entrepremeur immobilier, et de Doris Darlington.
C'est pendant ses années de lycée, à la « All Saints School », que le surnom aujourd'hui immortel de Coxsone, lui est attribué, parce qu'il était un excellent batteur au Cricket, comme le fût dans les années 40 avec l'équipe de Yorkshire, l'original Coxsone.


Issu d'une famille de mélomanes, Clement baigne depuis son plus jeune âge dans les rythmes Beebop & Jazz et c'est dans la boutique de ses parents, située sur Law Street (plus tard déplacée à Beston Street) qu'il fait ses premières armes sur la sono familliale.
Au début des années 40, la deuxième guerre mondiale éclate et la Jamaïque, encore colonnie anglaise, plonge dans un véritable marasme économique. A la fin de la décennie, il n'y a plus de travail dans l'île et comme de nombreux Jamaïcains, Clement Seymour Dodd part faire les saisons en Amérique du Sud, dans les plantations de canne à sucre.
C'est à cette époque, au fil de ses différentes rencontres, qu'il découvre le Rythm & Blues et qu'il décide de le faire découvrir en Jamaïque. A son retour en 1954, Coxsone s'achète une sono et lance son premier sound system : le « Sir Clement Downbeat ». Il ne joue pas encore de musique jamaïcaine, les rythmes venant des Etats Unis sont rois et Coxsone joue ses plates de Boogie Woogie, Jazz ou RnB, principalement hérités de son père ou importés de la nouvelle Orléans et de Miami.
Coxsone King of the Dancehall 59 Sir Clement est plein d'ambition mais n'est pas encore connu à l'époque, le roi de la dancehall en 54, n'est autre que Duke Reid, avec son Trojan sound. Mais Coxsone se rend rapidement compte qu'il peut rivaliser avec le maître de 10 ans son aîné et en bon challenger, il met toutes les chances de son côté. D'une part en améliorant constament la qualité et la puissance de sa sono, mais surtout en cherchant à innover. Il part alors le plus souvent possible aux Etats Unis, pour chercher des galettes jusqu'à lors inédites à Yard. Il parcourt l'est des USA de long en large, de Chicago à Cincinnati en passant par Philadelphie ou encore New York, où il trouve ses plus belles perles chez Rainbow Records, 130e rue, à Harlem. En fouillant dans les bacs, il dégote des disques d'artistes quasiment inconnus et pour s'assurer la primoté sur ces titres, il arrache les labels et renomme les chansons, ne laissant à ses concurrents que peu d'espoir de les retrouver. Le « Later For Gator » de Willis Jackson devient ainsi COXSONE HOP.
Grâce à son potentiel musical, mais aussi à la détermination de son capitaine, le Sir Clement Downbeat devient rapidement très populaire. A cette époque la compétition entre les Sounds est très rude, il faut être partout pour être le plus fort. Son sound va alors jusqu'à jouer à 5 endroits en même temps dans la même soirée. Les suppléants du Sir Coxsone sont alors PRINCE BUSTER, KING STITT, U ROY et LEE PERRY, jouant chacun sur une sono différente, les titres meurtriers ramenés en 5 exemplaires par Coxsone. Notons qu'il n'était pas rare qu'il achète même tout l'étalage afin que les Sounds concurrents ne trouvent jamais le Tune.
 
DU SOUND A LA PRODUCTION
A la fin des années 50, la musique américaine se fait de moins en moins intéressante pour les soundmen et Coxsone décide de se lancer dans la production d'artistes locaux.
Les premiers enregistrements du Blues local, n'étaient encore que destinés à être joués en Sound, mais dès qu'il se rend compte que sa recette prend et que le marché de la musique jamaïcaine a un réel potentiel,Coxsone décide de créer son premier label : WORLD DISC.
SHUFFLING JUG de Clue J & The Blues Blaster, enregistré en 1959 au Federal Studios, est, semble t-il, la première véritable production de Clement Seymour Dodd, avec MY BABY de Jackie Estwick qui sortira un peu plus tard, mais enregistré lors de la même session.
N'oublions pas, que l'année 1959 marque une réelle évolution technique dans la production avec l'apparition des premiers disques 45 tours, destinés à un marché plus
 
Clement coxsone Dodd & Roland Alphonso
large que les anciens 78 trs.

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Non content de n'être que producteur et diffuseur, Coxsone complète la chaine de production à la fin de l'année 59, en ouvrant sa boutique COXSONE's MUZIK CITY, à East Queen. Son but : distribuer ses productions sur ses multiples labels : All Stars, C&N, D.Darling, Downbeat, Muzik City, N.D Records, Supreme Worldisc, Coxsone, ou encore STUDIO ONE.

La chaine de production imaginée à l'époque par Coxsone est unique en son genre et marque une réelle évolution dans l'industrie de la musique jamaïcaine.
Dans un premier temps, après avoir enregistré un artiste, il fait graver le titre en un seul exemplaire sur une galette d'acétate qui lui permet de tester l'efficacité du morceau en sound. Ensuite, en fonction de l'appréciation du maître, un petit nombre d'exemplaires est pressé pour les Djs des sounds sattellites ; quelques uns sont aussi placés en boutique et vendu en exclusivité de 5 à 10 Pounds. Après cette étape, Coxsone sort une série limitée sans label (blank), vendu 1 Pound le disque. Et enfin, après ce long processus qui prend dans le meilleur des cas pas moins de 1 mois, quand les titres en valent la peine, les 45Trs sortent en grande série tel que nous les connaissons.

STUDIO ONE
Pendant près de 4 ans, toutes les premières productions jamaïcaines sont enregistrées au FEDERAL STUDIOS et toujours avec ce même soucis de contrôle sur son travail, Coxsone créé en 1963 sa propre structure au 13 Brentford Road : le Jamaican Recordings & Publishing Studio, plus connu sous le nom de Studio One.

C'est Headley Jones qui le construit et Sid Bucknor le cousin de Clement qui se charge du cablage de la console 1 piste. En 1965, le studio évolue et s'équipe d'un 5 pistes et passera plus tard au 8 pistes pour enregistrer quelques un des plus beau morceau reggae.

En à peine 10 ans, Coxsone Dodd devient un géant de la musique locale.

Clement COXSONE Seymour Dodd

En 1962, il fait partie de ces précurseurs qui inventeront le Ska, puis en 66 le RockSteady, jusqu'au Reggae au cours de l'année 68. C'est de son studio que sortiront la plupart des morceaux, des riddims, ou des artistes, les plus populaires de la musique jamaïcaine.
En effet ! Coxsone a mis à l'étrier les plus grands artistes, il serait d'ailleurs trop long d'en faire une liste. Il a trouvé le nom de la plupart, il en a hébergé et guidé beaucoup, il sera même considéré comme un père par Bob Marley qui habite pendant plus d'un an dans les locaux de Studio One.
Bien sûr, on a souvent entendu dire que le Sir Coxsone ne payait pas très bien les artistes et les royalties qui leur revenaient. Mais tous sont d'accord pour dire que c'est là-bas qu'ils ont tout appris, qu'ils y ont fait leurs premières armes et reçu leurs meilleurs conseils ; Studio One est sans nul doute l'université de la musique Jamaïcaine et Coxsone son professeur.
Dans les années 80 la Jamaïque connaît une véritable débacle, nombre de ses artistes quittent le pays à cause du climat politique de plus en plus tendu. Coxsone fait partie du lot, il quitte son île mais réalise en même temps un de ses rêves de gosse, en s'installant à New york où il ouvre son studio au 3135 Fulton Street.
Cependant, à partir de cette époque il produit beaucoup moins de riddims et utilise surtout ceux des années 70 qui sont alors devenus des classiques. D'ailleurs il n'est pas le seul, de nombreux producteurs s'en servent allègrement (aujourd'hui encore). Il ne semble pas déplacé de dire que TOUS les chanteurs ou Djs reggae ont un jour chevauché un riddim STUDIO ONE et je ne pense pas que le phénomène soit près de s'arrêter, ils sont aujourd'hui intemporels, immortels.
 
 
Ces dernières années, Coxsone est revenu à Kingston et a réouvert en grande pompe le studio de Brentford street. On retrouve autour de lui toujours la même équipe, avec 30 ans de plus, mais toujours la même détermination.
Quant nous l'avons rencontré en décembre dernier, Clement Seymour Dodd était très ouvert, très fier de son travail et de faire visiter son légendaire studio. A l'écouter, il allait sans nul doute revenir en force et à nouveau marquer de son empreinte le reggae dont il fût un des créateurs.
Avec ses amis, il était aussi resté très attaché à la musique qui le fît connaître : le Boogie Woogie, dont il possède une impressionante collection de disques. Il n'était alors pas rare de voir dans la cours de Studio One, une bande de papis entrain de danser sur les rythmes des années 1940, 50, en se remémorant mille et une anecdotes.
Il avait même prévu de se rendre en France cette année, pour quelques dates avec le Downbeat Sound System. Mais il a été rattrapé par toutes ses
Clement COXSONE Seymour Dodd decembre 2003

longues nuits de travail acharné et bien qu'il n'ait jamais eu de problèmes cardiaques et qu'il ne semblait pas affecté les jours précédents, le 5 mai 2004, son coeur a lâché, 4 jours après que la mythique Brentford Road fût renommée en son honneur STUDIO ONE Road. Il fêtait cette année ses 50 ans de carrière.

Un demi siècle a passé depuis les premières heures sur la sono de départ. Pendant ce temps, Coxsone a totalement révolutionné la musique jamaïcaine et certainement plus encore.
Il fait partie de ces personnes trop peu connues, sans qui le paysage musical et peut être même spirituel, aurait été bien différent. Mais jusqu'à présent, l'histoire de la dancehall nous l'a bien prouvé, son oeuvre est inégalable et toujours exploitée. Il a été et reste le plus grand producteur jamaïcain, il a fait naître les plus grands artistes, il a toujours oeuvré pour et avec la musique.
Tout ce qu'il a fait est certes derrière nous, mais je suis prêt à parier qu'il ne s'agit pas de la fin d'un mythe, au contraire. Mais c'est à nous tous d'écrire la suite, de perpétuer son esprit, sa motivation, sa passion, sa mémoire. Nous lui devons tous bien plus que du désolement, Clement Seymour Dodd doit passer à la postérité et connaître les honneurs qui lui sont dus à jamais. Jah ait son âme. Rastafari ...

Rubenxela - juin 2004

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