Après Phyllis Dillon et Clement Seymour Dodd, un nouveau grand personnage de la musique jamaïcaine nous a quitté au mois de mai, foudroyé en pleine session de travail au Sone Waves Recording studio à Kingston.
Depuis quelques années Barry était rongé par les excès et des crises d'asthme de plus en plus violentes, cependant il n'a jamais laché le micro et les plus chanceux on même pu le voir lors d'une superbe représentation à L'Elysee Monmartre au mois d'avril dernier.
Barry est né à Kingston, l'année de l'indépendance de l'île et de la naissance du ska, en 1962 ; et comme nombre de ses camarades il connaîtra la vie des rues, errant de studio en studio ... pendant la période plus créative de l'histoire de la musique jamaïcaine.
Adolescent, il sort son premier single, dédicacé à sa trendre et douce : « Girl you're Always on My mind », mais ce n'est
qu'en 1979 qu'il connait son premier grand succès avec SET UP YOUTHMAN, que l'on retrouve dans son premier album qui porte d'ailleurs le même nom (producteur Bunny Lee – Thirld World label).
Au début des années 80, Barry est devenu incontournable et on entend ses remarquables vocalises conscious sur de nombreux titres, en solo, mais aussi en combinaison. On notera les formidables remixs réalisés avec Jah Thomas, Ranking Joe, Ranking Toyan ... mais aussi avec les vedettes de l'époque, comme Sugar Minott ou encore Linval Thompson.
Comme de nombreux artistes, au début des années 80, Barry ne s'y retrouve plus avec les producteurs. Le reggae devient un véritable business et la plupart des artistes conscious, crééent leur propre label afin de rester maîtres de leur musique. La première auto-production de Barry est le single « Cool Pon Your Corner », un hit qui donnera une fois de plus son nom à l'album à venir, le second de Barry (Barry Brown – Trojan).
En 1981, Barry connaît de cuisants échecs avec la sortie de 2 titres pourtant à la hauteur des productions passées : "Problems Get Your Down", et "Physical Fitness". Mais pour un chanteur de cette envergure, il ne s'agissait que d'un hic.
En 1983 Barry rejoint l'écurie de Clement Coxsone Dodd et va enregistrer au légendaire STUDIO ONE quelques uns des titres les plus importants de son oeuvre : dont « Give Love » et l'anthologique « Far East », 2 énormes
tubes encore largement joués dans les dancehall à l'heure actuelle.
Dans la lancé, Barry enregistre avec le DJ Charlie Chaplin un « Belly Move » qui marquera aussi la mémoire du public Yardie en 1984. Au cours de sa carrière, Barry a sorti 10 albums : Step It up Youthman – Cool Pon your Corner – Superstar – Stand Film – Showcase (Jammy) - Showcase (Bunny Lee) – I'm not so lucky – Barry – Far East.
Mais au milieu des année 80 sa carrière décline et Barry se rend en Angleterre pour essayer de la relancer. A partir de là, bien qu'il continuera à passer beaucoup de temps à Kingston, Londres deviendra son QG officiel et c'est là que petit à petit il s'éloignera du son, ou pour être plus exact, il ne produira plus rien de notable et s'enfoncera dans une longue déprime.
Pourtant dès la fin des années 90, remotivé par le renouveau du reggae Roots, Barry Brown décide de repartir de l'avant et de retourner à ses premiers amours : la scène, les studios.
Depuis quelques semaines il était à Kingston et semblait résolument décidé à réenregistrer quelques titres. Cependant, l'histoire n'en voudra pas ainsi et nous déplorons son décès, en pleine session de travail le samedi 29 mai 2004. Rest In Peace.
