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Avant l'apparition de l'écriture, il y a environ 10 000 ans, la fonte des glaciers a gonflé le niveau de la Méditerranée, et provoqué une soudaine montée des eaux. L'importance du phénomène est telle que ces eaux ont même submergé le détroit du Bosphore, et se sont déversées dans un lac d'eau douce, provoquant un déferlement d'eau inouï dans le bassin de naissance de la civilisation. En moins de 100 ans, plus de lac, mais une mer intérieure, la mer noire.

Cette hypothèse des géologues américains prend sa source dans un récit antique, celui de Noé et du déluge.
Noir et juif, juif et noir, Betä Israel. satamassa  Dan
Nulle n'ignore ce mythe de la Genèse ; certains le trouvent fantasque, d'autres en font une lecture au premier degré, quant à moi, je suis convaincu que le mythe avant d'être fixé par l'écriture romanesque, témoigne d'une réalité sous tendue par une valeur morale et mystique, fondation de la foi.

La Bible foisonne de héros et d'histoires. Les rastas, lors de leurs lectures, ont pu comparer la déportation de leurs ancêtres, aux tribulations du peuple hébreux (exode et détention à Babylone) et s'identifier à la mythique tribu de Dan, la tribu perdue.


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Quelle réalité peut avoir ce mythe ?

En 1770, James Bruce, un explorateur Ecossais, est à la recherche de la source du Nil, aventure qui l'amène en Ethiopie, où il découvre des juifs noirs, les Falashas.
Ce terme en langue Guèze, les désigne comme " émigrés, exilés, séparés ". N'acceptant pas cette stigmatisation, ils lui préfèrent BETÄ ESRA'EL, " la maison Israël ".

Au XIX ème siècle, Betä Israël est approché par les cercles rabbiniques, qui restent stupéfaits par la distance géographique et physique des rites religieux.
Plus que leur appartenance à la communauté juive, c'est leur origine qui est controversée.
Le rabbinat d'Israël reconnaît officiellement leur judaïcité en 1973, cependant les Betä Israël doivent se plier à un rite de conversion, pratique humiliante désormais abolie.


S'ils sont juifs, d'où viennent t-ils ?

La théorie admise, veut qu'en 70 après JC, un important comptoir juif s'installe au Yémen. Les échanges nombreux sur la mer rouge entre le Yémen et l'Ethiopie auraient favorisé la pénétration du judaïsme jusqu'au lac Tana, demeure de Betä Israël.
Cette hypothèse se heurte cependant à un écueil, la Genèse des Betä Israël indique que se peuple descend du Roi Salomon et de la Reine de Saba (environ 970 - 933 avant JC), et c'est plus le rite, que leurs paroles qui peut éclaircir cette histoire noyée dans l'épais brouillard du temps et des consciences.

Leurs écrits ne contiennent rien quant à la captivité à Babylone, rien non plus par rapport au Talmud, composé à partir de 587 avant JC. Ils n'observent pas les fêtes du Pourim, popularisées en 465 avant JC pour fêter la victoire d'Esther sur Haman, ni celles d'Hanukkah (consécration du temple) instaurées en 164 avant JC afin de glorifier la reconquête du temple de Salomon.
Les juifs Ethiopiens font des sacrifices expiatoires, et des autels s'érigent derrière chaque lieu de culte, pratique qui en Israël, fut interdite en dehors du Temple sous le règne de Josias (640 - 609 avant JC).


La ritualisation Ethiopienne semble être antérieure au règne de Josias et au développement du Judaïsme au Yémen.
Leurs ancêtres seraient entrés en Ethiopie par l'ouest, via l'Egypte et le Soudan, empreintant l'ancienne route commerciale entre le Nil et Takazé, cette même route qu'empreinte James Bruce au XVIII ème siècle, celle aussi qu'utilise en 1965, en sens inverse, le premier Ethiopien de retour en Israël, suivi en 1975 par 250 autres candidats, puis 7000 en 1984.

Le sionisme, le retour à la terre promise, ne sont pas les seules motivations des Betä Israël, les pressions du gouvernement Ethiopien, la stigmatisation, la pauvreté, l'isolement, les acculent à l'exil.
Le grand public fait leur connaissance lors des opérations Moïse Sheba et Salomon, entre 1984 et 1991, qui assurent un pont aérien et une immigration massive en Israël, où l'intégration demeure difficile.

Noirs, juifs et pauvres, rien à voir avec une blague scabreuse pour ce peuple fier de son histoire et de ses origines, préférant parfois le suicide à l'humiliation.

Sont-ils les seuls noirs parmi les juifs et les seuls juifs parmi les noirs ?

Dans les années 1920, à New York, la proximité des communautés juives et afro-américaines, et la connaissance des juifs d'Ethiopie, entraînent un certain nombre de noirs américains vers le judaïsme, ce sont les Blacks Jews .

Parmi ces derniers, nombreux seront les candidats qui dans les années suivantes partiront en Ethiopie, puis à partir de 1958, en Shashamani, terre concédée par Haile Selassie I en remerciement au soutien des noirs du monde entier pendant le seconde guerre mondiale, et léguée à l'EWF (Ethiopian World Federation), basée à l'époque à New York, et dirigé par le couple Piper, membres des Blacks Jews.

Quant les Blacks Jews choisissent le départ vers l'Ethiopie, Betä Israël, trouve son salut en Israël ; à chacun sa terre promise, son identité et sa foi.

Ils ont tous en commun, un idéal transmis par les histoires de la Bible ; quant à leur véracité, ici la réalité et le mysticisme ne se contredisent pas, l'un engendre l'autre par la tension que chacun exerce sur l'autre à travers le mythe.

Zabulon

Bibliographie :
· Graham Hancock, " le mystère de l'Arche perdue " A la recherche de l'Arche d'Alliance, J'ai Lu ; 2001
· Daniel Friedmann , " Les enfants de la reine de Saba "

Sur Internet :
Le site officiel des Beta Israel

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